Le Parlement canadien a ratifié mercredi l'accord de Paris sur le climat, deux jours après la décision polémique de Justin Trudeau d'instituer dès 2018 une taxe carbone.
Un accord adopté sans difficulté. L'issue du vote sur cet accord conclu lors de la conférence de la COP21 à Paris en décembre 2015 ne faisait aucun doute, les libéraux du Premier ministre étant majoritaires à la Chambre des Communes et disposant notamment du soutien des sociaux-démocrates du NPD, le troisième parti. La motion portant ratification par le Canada de l'accord visant à contenir le réchauffement sous le seuil de 2°C par rapport au niveau pré-industriel a finalement été adoptée par 207 députés contre 81, tous élus du parti conservateur.
Le seuil des 55% d'émissions est atteint.L'accord de Paris sur le climat entrera en vigueur dans 30 jours, le seuil des 55 pays requis pour la ratification du texte et représentant 55% des émissions planétaires de gaz à effet de serre (GES) ayant été dépassé mercredi puisque 73 pays représentant près de 56,9% des émissions de GES l'avaient ratifié.
Le vote au Parlement canadien était purement symbolique, le gouvernement n'étant pas tenu constitutionnellement de saisir les élus pour ratifier l'accord. Justin Trudeau avait cependant promis dès le sommet de Paris de tenir un débat sur le sujet à la Chambre des communes.
Une opposition de principe des conservateurs. Les conservateurs, qui ont dirigé le pays de 2006 à 2015 et forment le premier groupe d'opposition, ont voté contre la ratification, tout en disant soutenir l'accord de Paris. Ils entendaient protester contre la décision "unilatérale" de Justin Trudeau d'imposer une taxe carbone, sans l'accord préalable de toutes les provinces qui ont compétence au même titre que le gouvernement fédéral en matière d'environnement.
Certains élus de droite sont néanmoins clairement climato-sceptiques et c'est sous le règne des conservateurs que le Canada avait été le premier pays à sortir du protocole de Kyoto, en 2011. "Tant pis pour eux" s'ils s'opposent à l'accord de Paris", avait commenté avant le vote le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion. "Le monde entier se mobilise et le fera sans les conservateurs canadiens, ça fait 10 ans qu'ils nous bloquent".
Une taxe carbone qui passe mal. Les conservateurs sont furieux depuis que Justin Trudeau a annoncé lundi une taxe carbone effective dès 2018. Fixée à 10 dollars canadiens (soit 6,8 euros) par tonne en 2018, la taxe augmentera ensuite pour atteindre 50 dollars canadiens (soit 34 euros) cinq ans après son entrée en vigueur. Cette tarification du carbone sera imposée dans les provinces ou territoires qui n'auront pas pris de mesures compatibles pour se conformer aux objectifs nationaux de réduction des GES, avait indiqué Justin Trudeau au moment où se réunissaient les ministres de l'Environnement des provinces et territoires, aux côtés de leur homologue fédérale, Catherine McKenna.
Trois petites provinces (Saskatchewan, Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve-et-Labrador) avaient immédiatement dénoncé cette mesure "unilatérale" du gouvernement fédéral et quitté les discussions avec Catherine McKenna. Le gouvernement libéral s'est engagé à réduire de 30% les émissions de GES du pays d'ici 2030 par rapport à 2005, soit les mêmes objectifs que le précédent gouvernement conservateur, accusé par Justin Trudeau d'avoir "abdiqué à ses responsabilités" en la matière.