Le gouvernement canadien utilise des tests d'ADN et des sites généalogiques pour établir la nationalité de ressortissants étrangers placés en rétention avant leur éventuel renvoi du pays, a indiqué lundi la police des frontières.
Une solution de dernier recours. Ces techniques ne sont utilisées que dans des cas extrêmes, comme dans celui d'un demandeur d'asile arrivé au Canada en 2011 avec un faux passeport français. Il prétendait être originaire de Guinée, pays qui l'a finalement refoulé lorsque le Canada a tenté de le renvoyer en 2013.
"L'ASFC utilise les tests d'ADN afin de déterminer l'identité des personnes détenues à long terme après avoir épuisé toutes les autres ressources d'enquête", a expliqué Jayden Robertson, porte-parole de l'Agence des services frontaliers du Canada (AFSC) dans un courriel. "Les tests d'ADN aident l'ASFC à déterminer l'identité en fournissant des indicateurs sur la nationalité, ce qui nous permet de concentrer nos recherches sur certains pays", a souligné ce porte-parole.
Un consentement arraché ? L'Agence assure obtenir le consentement des ressortissants avant de soumettre leurs renseignements à des sites internet d'ADN. Cette affirmation est cependant remise en question par Jared Will, un avocat de Toronto représentant plusieurs ressortissants qui ont subi des tests d'ADN.
"D'après mon expérience, l'ASFC fait ces demandes aux détenus qui, en cas de refus, sont accusés de ne pas coopérer aux efforts en vue de leur renvoi. Ce refus de coopérer est ensuite invoqué comme justification pour leur détention prolongée", a-t-il déclaré.
Un contexte de forte migration vers le Canada. D'autres critiques soulignent que l'origine ethnique d'une personne n'est pas gage de sa nationalité. Cette affaire d'abord révélée par le site Vice News survient alors que plus de 30.000 demandeurs d'asile ont fui les États-Unis pour le Canada depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, en janvier 2017.
Un migrant identifié comme gambien. Dans le cas du demandeur d'asile refoulé par la Guinée en 2013 et qui se faisait appeler Ebrahim Touré, il a passé plus de quatre ans en prison avant finalement d'accepter l'an dernier de subir un test d'ADN. La Guinée l'avait refoulé après avoir jugé que son certificat de naissance guinéen était aussi un faux et qu'il ne parlait pas le français, langue officielle du pays. Après analyse de son ADN et consultation de sites généalogiques à la recherche de membres de sa famille, l'ASFC a déterminé qu'il s'agit vraisemblablement d'un Gambien dénommé Bakaba Touray.