Le mystère du MH370 suspendu aux analyses d'un fragment d'aile

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N.M., Théo Maneval et Jean-Jacques Héry avec AFP , modifié à
Le morceau d'aile d'avion retrouvé mercredi à la Réunion est arrivé à Toulouse, samedi en fin d'après-midi, afin d'être analysé. Rien ne confirme pour le moment qu'il s'agit d'un débris du vol MH370 disparu depuis mars 2014.

Les analyses des experts vont pouvoir commencer. Le fragment d'aile, découvert mercredi sur l'île française de La Réunion, est arrivé samedi matin en France métropolitaine où il doit être expertisé dans les prochains jours pour déterminer s'il s'agit bien d'un débris du vol de la Malaysia Airlines MH370 disparu depuis mars 2014. En fin de journée, il a été transporté au laboratoire d'analyses techniques de Toulouse.

Les infos à retenir

  • Le débris, après être arrivé à Paris samedi matin, a été transporté dans un laboratoire à Toulouse pour être analysé par des experts à partir de mercredi prochain
  • Si rien ne confirme pour le moment qu'il s'agit bien d'un reste du vol MH370, le numéro sur le débris atteste qu'il s'agit d'une pièce d'un Boeing 777
  • Une valise retrouvée en même temps que le débris va être analysé dans un laboratoire parisien

Le flaperon est arrivé à Toulouse. Le fragment d'aile d'avion, mesurant deux mètres et retrouvé sur le littoral de La Réunion, est arrivé samedi par convoi routier au laboratoire d'analyses de Balma, près de Toulouse, en Haute-Garonne. Ce laboratoire est spécialisé en investigations d'accidents aériens. Le convoi, escorté par la gendarmerie, est arrivé vers 17h30 au siège de la Délégation générale de l'armement Techniques aéronautiques (DGA-TA) escorté de deux motards et de deux voitures, encadrant un fourgon banalisé blanc contenant la pièce.

L'expertise du flaperon commencera mercredi, en présence d'experts malaisiens et de Boeing notamment, et devra déterminer si le flaperon provient du vol MH370 de la Malaysian Airlines disparu en mars 2014. Il s'agit de la première piste concrète pour tenter de déterminer ce qui s'est passé à bord de ce Boeing 777, qui transportait 239 passagers.

Peinture, déformation et crustacés. Plus précisément, les analyses vont consister à trouver le numéro de série du débris qui permettra de savoir de quel avion il provient. Les restes de peinture et les restes de crustacés fixés vont aussi être analysés. Des ingénieurs, enfin, se pencheront sur les déformations du métal pour savoir comment il a été abîmé. Il n'est cependant pas prévu qu'une zone de crash soit définie. Pour cela, des modèles de calculs doivent être conçus avec des océanographes, ce qui prend du temps.

Des morceaux d'une valise marron retrouvés jeudi à proximité du débris d'avion seront également expertisés dans un laboratoire de la gendarmerie à Pontoise, près de Paris. 

Collaboration internationale. Lundi, un des trois magistrats français chargés de l'enquête, un représentant des autorités judiciaires malaisiennes, un autre du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), les gendarmes français et des experts malaisiens se réuniront à Paris. La justice française s'est saisie car quatre des 239 victimes de la catastrophe du 8 mars 2014 sont français. L'avionneur américain Boeing a annoncé vendredi qu'il allait dépêcher, pour sa part, une équipe "technique" en France pour prendre part à l'expertise.

Cette coopération internationale n'est pas nouvelle. Elle a été mise en oeuvre depuis près d'un an et demi pour tenter de retrouver la trace du MH370, associant notamment la Chine, la Malaisie et les Etats-Unis et l'Australie.

Des indices en faveur du MH370. Des experts estiment que le fragment pourrait correspondre à un flaperon de Boeing 777, un volet bordant les ailes d'avion que les pilotes actionnent au décollage ou à l'atterrissage. Or aucun accident aérien dans cette région du monde n'a impliqué de Boeing 777.

Selon l'océanographe français Joël Sudre, des débris de l'appareil ont pu dériver de l'ouest de l'Australie jusqu'à La Réunion au gré du Courant équatorial sud (SEC). Dans un tel scénario, des images satellite de ce courant maritime peu profond pourraient permettre de localiser "en quelques jours" la zone du crash. Mais le ministre des Transports australien Warren Truss a jugé "presque impossible" de retrouver l'épave principale à partir de cet élément.

RICHARD BOUHET / AFP

D'autres débris repêchés. Sur l'île de La Réunion, la mer a rejeté d'autres débris sur la plage où une association de nettoyage a trouvé le fragment d'aile. La zone, qui n'a pas été sécurisée par les enquêteurs, était envahie vendredi par des dizaines de badauds et de journalistes venus du monde entier. Les agents de nettoyage ont par exemple retrouvé "deux bouteilles, une d'eau et une de détergent, avec dessus des inscriptions en chinois et en indonésien", rapporte l'envoyé spécial d'Europe 1 sur place. Mais l'océan à l'est de la Réunion charrie de nombreux déchets, des bouts de bois, des morceaux de plastique, provenant souvent de cargos qui croisent au large. Samedi matin, les recherches sur la plage avaient stoppé. 

Chute d'oxygène ? Défaillance mécanique ? Acte terroriste ? Aucune trace du MH370 et de ses 239 passagers n'a été retrouvée depuis le 8 mars 2014, en dépit d'intenses recherches dirigées par l'Australie dans le sud de l'océan Indien, où des satellites ont "accroché" pour la dernière fois les systèmes de communication de l'appareil.

L'explication la plus crédible, selon les responsables de l'enquête, est qu'une brusque chute du niveau d'oxygène dans l'appareil a rendu l'équipage et les passagers inconscients. L'avion aurait alors volé en pilote automatique, jusqu'à sa chute en mer, faute de carburant. Mais les spéculations demeurent principalement concentrées autour d'une défaillance mécanique ou structurelle, ou un acte terroriste, mais rien n'est jusqu'alors venu étayer l'un ou l'autre scénario et le mystère autour de ce drame a alimenté une kyrielle de théories complotistes.

Le 29 janvier, la Malaisie a officiellement déclaré que cette disparition était un accident et que les passagers et l'équipage étaient présumés morts, provoquant la colère des familles.