Après le choc, les interrogations. Le gouvernement marocain a promis d'élucider les circonstances de la mort d'un vendeur de poisson, tué dans une benne à ordures, qui a suscité une vague de manifestations dans le pays. "Le Maroc en état de choc", résumait en une lundi le quotidien Akhbar Alyoum. "Qui a écrasé Mouhcine ?", s'interrogeait le journal Al-Ahdath. Le cliché de Mouhcine Fikri gisant inanimé, la tête congestionnée et un bras dépassant du mécanisme de compactage de la benne, fait la une de toute la presse, à côté des photos des manifestations d'indignation et de l'immense foule ayant accompagné ses funérailles. Un nouvel appel à manifester a d'ailleurs été lancé pour la fin d'après-midi lundi.
Immenses protestations dans plusieurs villes marocaines pr dénoncer la corruption & l'injustice qui a tué #Mohssin_Fikri#Alhoceima#طحن_موpic.twitter.com/eP9FwHpuXT
— Safa Bannani (@SafaBannani) 30 octobre 2016
Les autorités saisies de l'affaire. Le marchand de poisson âgé d'une trentaine d'années est décédé vendredi soir dans la ville d'Al-Hoceima, dans la région Rif au nord-est du Maroc, alors qu'il tentait de s'opposer à la saisie et à la destruction de sa marchandise. Une enquête a été ouverte par le ministère de l'Intérieur dès le lendemain du drame et le roi s'est saisi directement du dossier et a donné des instructions "pour qu'une enquête minutieuse et approfondie soit diligentée". Selon le ministre de l'Intérieur, le marchand de poisson avait refusé d'obtempérer à un barrage de police et avait ensuite été intercepté avec dans sa voiture "une quantité importante d'espadon, interdit à la pêche".
Qui est le responsable ? "Décision a été prise de détruire la marchandise illégale. Toutes les questions se posent après ça", a-t-il expliqué. Mais "personne n'avait le droit de le traiter ainsi", a déploré Mohammed Hassad, promettant les conclusions de l'enquête d'ici "quelques jours". Un point suscite la polémique en particulier, que traduit sur les réseaux sociaux le hashtag "#broie-le" : un responsable a-t-il ordonné ou volontairement mis en marche le mécanisme de compactage alors que Mouhcine était à l'arrière de la benne ? Selon les résultats de l'autopsie, révélés par la presse locale, la mort serait due "à un choc hémorragique suite à une plaie thoracique". A une semaine de l'ouverture à Marrakech de la conférence internationale sur le climat, la COP22, il y a urgence à éteindre le feu qui couve.
Je pleure mon pays. #cop22#طحن_موpic.twitter.com/hd7ZORkAet
— سامي (@SamiNezar) 30 octobre 2016