La destruction de l'Humanité ne tient "qu'à un coup de sang", se sont alarmés dimanche les militants antinucléaires en recevant le prix Nobel de la paix sur fond de crise nord-coréenne. "Sera-ce la fin des armes nucléaires ou notre fin à nous ?", a lancé Beatrice Fihn, la directrice de la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), lors d'une cérémonie à Oslo. L'ICAN a reçu le Nobel en présence de survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki qui avaient fait environ 220.000 morts il y a 72 ans, alors même que la planète est aujourd'hui confrontée à un nouveau péril nucléaire.
Les armes atomiques "ne nous protègent pas". La Corée du Nord a ces derniers mois multiplié les tirs de missiles et les essais nucléaires, tout en échangeant des menaces belliqueuses avec les président des États-Unis Donald Trump, lequel a ordonné des manœuvres militaires dans la région. "La manière rationnelle de procéder est de cesser de vivre dans des conditions où notre destruction mutuelle ne tient qu'à un coup de sang", a souligné Beatrice Fihn, en appelant à débarrasser la planète des armes atomiques. "Leur existence incite les autres à se joindre à la course nucléaire. Elles ne nous protègent pas, elles poussent au conflit", a-t-elle affirmé.
C'est une rescapée du bombardement nucléaire de Hiroshima, Setsuko Thurlow, qui a reçu dimanche au nom de l'ICAN le prix Nobel de la paix :
Watch the very moment Beatrice Fihn and Setsuko Thurlow from @nuclearban (ICAN) accept the Nobel Peace Prize diploma and medal. Congratulations ICAN! pic.twitter.com/5V9fmReqrV
— The Nobel Prize (@NobelPrize) 10 décembre 2017
La menace d’une guerre nucléaire. Coalition regroupant près de 500 ONG dans une centaine de pays, l'ICAN a œuvré en faveur d'un traité d'interdiction de l'arme atomique, adopté en juillet par 122 États. Historique, ce texte est affaibli par l'absence des neuf puissances nucléaires parmi les signataires.
"Le message principal d'ICAN est que le monde ne peut jamais être sûr aussi longtemps que nous avons des armes nucléaires", a souligné la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen, dans son discours de remise du Nobel. "Ce message résonne auprès de millions de personnes qui ont le sentiment que la menace d'une guerre nucléaire est la plus élevée depuis longtemps, surtout à cause de la situation en Corée du Nord", a-t-elle ajouté.