Plus de deux millions de personnes fuyant les guerres et les persécutions sont venues grossir depuis le début de l'année la population mondiale de réfugiés à l'heure où de nombreux pays leur ferment les portes en limitant le droit d'asile, a déclaré lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. Parmi les nouveaux réfugiés figurent 650.000 Soudanais du Sud chassés par la guerre civile et quelque 500.000 musulmans Rohingyas qui ont rejoint le Bangladesh pour échapper aux exactions de l'armée birmane, a précisé Filippo Grandi.
"Plus de deux millions de personnes ont fui leur pays depuis début 2017", a-t-il dit à l'ouverture de la réunion annuelle du comité exécutif du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) à Genève. "Ils arrivent souvent malades, traumatisés et affamés dans des régions frontalières isolées, dans des communautés souffrant de la pauvreté et du sous-développement. Beaucoup d'entre eux ont un besoin urgent d'être protégés - les enfants séparés de leur famille, les hommes, femmes, filles et garçons exposés aux violences sexuelles", a insisté Filippo Grandi.
"Les conditions de protection se dégradent". L'an dernier, le HCR prenait en charge quelque 17,2 millions de réfugiés dans le monde, auxquels s'ajoutaient cinq millions de réfugiés palestiniens aidés par une autre agence de l'ONU, l'UNRWA. Le total pour l'année en cours n'est pas encore connu. Filippo Grandi a déploré que la question des réfugiés soit de plus en plus instrumentalisée à des fins politiques. "La coopération internationale a laissé la place à des réponses fragmentées, qui se traduisent par des mesures restrictives en matière d'asile et d'immigration, même dans des pays qui ont une longue histoire d'exil et de migration et une tradition d'accueil", a-t-il noté en mettant cette évolution sur le compte d'une "xénophobie croissante".
"Nous avons constaté que les conditions de protection se dégradent dans de nombreuses régions du monde, y compris dans les pays industrialisés - en Europe, aux Etats-Unis, en Australie", a insisté le Haut-Commissaire de l'ONU. Filippo Grandi a ainsi relevé qu'alors que près de 1,2 million de réfugiés attendent une relocalisation dans un pays tiers, le nombre d'offres a chuté de 43% par rapport à l'année dernière, avec moins de 100.000 places disponibles, dont un maximum de 45.000 aux Etats-Unis, le plafond le plus bas depuis des décennies.