Le Pakistan a convoqué lundi l'ambassadeur américain à Islamabad, a indiqué mardi un porte-parole américain, un geste de défiance rare après les menaces du président Donald Trump de supprimer l'aide fournie à ce pays accusé de ne pas en faire assez contre le terrorisme.
Une convocation expresse. L'ambassadeur David Hale a été invité à se rendre lundi soir au ministère des Affaires étrangères pakistanais, a déclaré un porte-parole de l'ambassade, ajoutant : "Il y est allé et a rencontré des responsables. Nous n'avons pas de commentaire à faire sur la teneur de la réunion." Le ministère des Affaires étrangères pakistanais n'a pas souhaité réagir sur la question.
Le Pakistan accusé d'accueillir des terroristes. La convocation s'est tenue après un tweet de Donald Trump, très dur, contre le Pakistan lundi. "Les États-Unis ont bêtement donné 33 milliards de dollars [soit 27,4 milliards d'euros] d'aide au Pakistan ces quinze dernières années et ils ne nous ont rien donné en retour si ce n'est des mensonges et de la duplicité, prenant nos dirigeants pour des idiots", a écrit le président américain. "Ils abritent les terroristes que nous chassons en Afghanistan, sans grande aide. C'est fini !", a-t-il lancé.
Des accusations rejetées. Le Pakistan a rapidement rétorqué avoir aidé les États-Unis à "décimer" Al-Qaïda, pour n'obtenir en retour que "des invectives et de la méfiance", via son ministre de la Défense Khurram Dastgir-Khan. Islamabad, allié des États-Unis depuis la guerre froide, dément de longue date les accusations américaines et reproche à Washington d'ignorer les milliers de Pakistanais tués dans la lutte contre le terrorisme.
Un soutien des Talibans ? Après les attentats du 11 septembre, les deux pays avaient noué un partenariat stratégique pour défaire les groupes armés islamistes dans la région. Mais les États-Unis, tout comme l'Afghanistan, accusent le Pakistan de soutenir les talibans actifs dans ce pays voisin.
Le réseau Haqqani, qui pendant longtemps trouvait refuge au Pakistan tout en réalisant certaines des pires attaques contre les forces américaines en Afghanistan, a été qualifié de "véritable bras" des services secrets pakistanais par Mike Mullen, l'ancien chef d'état-major des armées américaines. Le Pakistan a lancé en 2014 des opérations dans ses zones tribales, à la frontière afghane, et affirme avoir désormais éradiqué toutes les bases arrières des groupes islamistes.