Le pape François a nommé samedi le n°3 du Vatican, Mgr Giovanni Angelo Becciu, comme délégué spécial auprès de l'Ordre de Malte, dont il avait poussé le Grand Maître à la démission après une âpre dispute. En "étroite collaboration" avec la direction intérimaire, Mgr Becciu sera chargé du "renouvellement spirituel et moral de l'Ordre", explique le pape dans sa lettre de nomination diffusée par le Saint-Siège. Son mandat prendra fin lorsqu'un nouveau Grand Maître aura été élu, au terme d'un "chapitre général extraordinaire" qui devrait se tenir dans les trois mois.
Crise ouverte après une distribution de préservatifs. En attendant, Mgr Becciu sera "mon porte-parole exclusif" auprès de l'Ordre, écrit le pape, ôtant ainsi tout pouvoir à Mgr Raymond Burke, un cardinal américain ultra-conservateur parmi ses opposants les plus virulents, dont le titre de représentant du Saint-Siège auprès de l'Ordre de Malte est désormais vidé de toute substance. La crise à l'Ordre de Malte avait été déclenchée par la distribution de préservatifs, bannis par l'Eglise catholique comme tous les contraceptifs, dans des dispensaires de l'Ordre en Afrique et en Birmanie. Une enquête interne avait conduit début décembre au limogeage du n°3 de l'Ordre, l'Allemand Albrecht Freiherr von Boeselager.
Démission du Grand Maître de l'Ordre. Un bras de fer s'en était suivi avec le Saint-Siège, qui a finalement obtenu la démission du Grand Maître, le Britannique Matthew Festing, pourtant nommé à vie, et le rétablissement du n°3 de l'Ordre. "Les accusations à mon encontre sont sans fondements, ma conscience est claire", a assuré ce dernier jeudi lors d'une conférence de presse, expliquant que les distributions de préservatifs avaient cessé dès qu'il en avait eu connaissance. Pour expliquer la crise, Albrecht Freiherr von Boeslager a évoqué "une tension croissante" entre les membres élus du gouvernement et un groupe sans statut constitutionnel entourant le Grand maître, qui a été selon lui "mal conseillé". L'Ordre semble tiraillé entre les tenants d'une vision traditionnelle et des voix plus progressistes souhaitant concentrer les efforts de l'institution sur les activités humanitaires.