Malgré sa sympathie évidente pour la cause catalane, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a toujours gardé ses distances, une prudence à laquelle elle met fin mercredi en rencontrant pour la première fois le président indépendantiste catalan Quim Torra. Ce dernier doit également rencontrer l'ancienne dirigeante catalane Clara Ponsati, qui vit en Ecosse mais risque d'être extradée vers l'Espagne pour avoir pris part à la déclaration unilatérale d'indépendance de la Catalogne.
Vers une normalisation de la situation catalane. Clara Ponsati, professeure d'économie à l'université de St Andrew (côte est), et Quim Torra prendront la parole dans la matinée à Edimbourg lors d'une conférence de presse à 10 heures, avant que le Catalan ne s'entretienne avec Nicola Sturgeon, cheffe des indépendantistes écossais du SNP. Pour Michael Keating, professeur à l'université d'Aberdeen, cette rencontre est devenue possible grâce à retour "à la normale, à un certain degré", de la situation en Catalogne, après la tentative de sécession d'octobre 2017.
Une forte solidarité. Indépendantistes catalans et écossais partagent de longue date des affinités, preuve en est le soutien apporté par des centaines de Catalans qui avaient fait le déplacement en Ecosse lors du référendum d'indépendance de 2014, finalement remporté par les partisans du maintien dans le giron britannique (55%). Les nationalistes écossais avaient eux-mêmes manifesté pour la cause indépendantiste catalane l'an dernier, et des élus locaux s'étaient rendus en Catalogne.
Nicola Sturgeon avait elle exprimé sa préoccupation quand les forces de l'ordre espagnoles avaient tenté d'empêcher le déroulement du référendum sur l'indépendance de la Catalogne et avaient chargé des manifestants, faisant au moins 92 blessés. Mais elle avait aussi gardé une certaine distance, soucieuse ne pas parasiter les propres efforts des Ecossais pour obtenir l'indépendance de la région septentrionale du Royaume-Uni, souligne Michael Keating.
Deux poids, deux mesures. L'organisation de cette rencontre a exposé Nicola Sturgeon aux critiques de membres du parti conservateur écossais, qui ont évoqué d'anciens propos tenus contre les Espagnols par Quim Torra, et que ses détracteurs jugent "xénophobes". D'autres commentateurs ont aussi souligné une diplomatie à géométrie variable dans le fait que Nicola Sturgeon recevrait le président indépendantiste catalan, mais qu'elle refusait de rencontrer le président américain Donald Trump, qui se rendra en Ecosse cette semaine.