Le président libanais, Michel Aoun, a déclaré à des ambassadeurs étrangers en poste à Beyrouth que le Premier ministre Saad Hariri, qui a annoncé sa démission voici une semaine en Arabie saoudite, avait été en fait "enlevé", a indiqué samedi un haut responsable libanais. Michel Aoun, qui a également précisé qu'en tant que chef du gouvernement, Saad Hariri devait jouir d'une immunité, a tenu ses propos vendredi, a précisé ce responsable.
Depuis l'annonce surprise par Saad Hariri de sa démission alors qu'il était en Arabie, Michel Aoun rencontre les représentants de la classe politique libanaise et des diplomates étrangers. Samedi, le président libanais a appelé samedi l'Arabie saoudite à "éclaircir les raisons" qui entravent le retour au Liban du Premier ministre, dont la démission choc a entraîné une nouvelle crise politique dans le pays.
Le prince héritier saoudien a assuré vouloir "préserver la stabilité du Liban". Michel Aoun s'est par ailleurs entretenu samedi au téléphone avec le président français Emmanuel Macron au sujet des "derniers développements" concernant Saad Hariri, selon un communiqué séparé de la présidence libanaise. Vendredi, l'Élysée avait fait savoir que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane "a assuré ne pas vouloir faire la guerre au Hezbollah" et désirait "préserver la stabilité du Liban", lors d'une rencontre avec Emmanuel Macron.
Le dialogue, comme avec tous mes interlocuteurs, pour construire une paix durable. pic.twitter.com/0BBvRstKQH
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 novembre 2017
Une démission toujours pas acceptée par le président libanais. Une semaine après l'annonce de Saad Hariri, son retour au Liban se fait toujours attendre, et le président n'a toujours pas accepté sa démission, assurant qu'il attendait de le rencontrer pour en discuter avec lui. "Toute position ou mesure qu'il a pu prendre ou qui lui sont imputées (...) sont le résultat de la situation ambiguë et trouble qu'il est en train de vivre en Arabie saoudite, et ne peuvent pas être prises en considération", a indiqué le président Aoun. En annonçant laisser son poste dans un discours diffusé par la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, Saad Hariri avait dénoncé la "mainmise" de l'Iran et du mouvement chiite libanais du Hezbollah, membre de son gouvernement, sur les affaires intérieures du Liban.
Le Hezbollah pro-Iran accuse l'Arabie saoudite de "détenir" Saad Hariri. Vendredi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé l'Arabie saoudite de "détenir" Saad Hariri, qui a la double nationalité, saoudienne et libanaise. "On lui interdit jusqu'à ce moment de rentrer au Liban", a-t-il lancé. SaadHariri ne s'est pas exprimé sur ces propos ni sur sa démission depuis le 4 novembre. Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a mis en garde vendredi "toute partie, à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, qui utiliserait le Liban comme théâtre de conflits par procuration".