Son sort est plus que jamais entre les mains du peuple équatorien. Julian Assange, réfugié à l'ambassade d'Équateur à Londres depuis plus de quatre ans, pourrait bien en sortir cette année. Bien malgré lui.
"Poliment" poussé vers la sortie. L’un des candidats à l’élection présidentielle équatorienne a en effet fait savoir dans une interview au Guardian que s’il était élu, il "demanderait poliment" au fondateur de Wikileaks de quitter les lieux dans les trente jours suivants. "Les Équatoriens ont payé un coût qu'ils ne devraient pas supporter", avance Guillermo Lasso, candidat de droite de l’alliance Creo-Suma. Si ce dernier accuse encore un retard de sept points dans les sondages derrière son rival socialiste Lenin Moreno, actuellement au pouvoir, l’écart semble se réduire à mesure que la campagne avance.
Son avenir se complique. Mais une victoire socialiste la semaine prochaine pourrait conduire l’Australien, toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par la Suède pour des accusations d’agressions sexuelles, à subir le même sort. Car le gouvernement actuel envisage aussi cette idée. "Notre personnel a traversé beaucoup de choses. Il y a un coût humain", souligne notamment le ministre des Affaires étrangères Guillaume Long, cité par The Independent.
La peur d’une extradition aux États-Unis. Ce que craint Julian Assange, c’est d’être ensuite extradé aux États-Unis, où il devrait répondre de la publication par Wikileaks de centaines de milliers de documents militaires et diplomatiques diffusés par Chelsea Manning, en 2010. Ces poursuites judiciaires l'exposent à une peine de prison à vie, et potentiellement à la peine capitale. Le cybermilitant de 45 ans a déjà dit, le mois dernier, être prêt à se rendre, à condition que ses droits soient garantis. Mais rien ne dit qu’il se pliera à cette promesse. Son statut aux États-Unis reste d’ailleurs encore flou. Il n’a jamais été officiellement inculpé par la justice américaine.
Appel à la libération. Lundi, le fondateur de WikiLeaks a malgré tout appelé le Royaume-Uni et la Suède à "agir de manière juste en [le] libérant", c’est-à-dire à "appliquer" la décision d'un comité de l'ONU qui avait jugé il y a un an sa détention "arbitraire". Une position soutenue, évidemment, par l’Équateur, pour qui Julian Assange constitue de plus en plus un invité encombrant.