Il n'aura pas eu le temps de fêter ses 32 printemps. Le traité de désarmement nucléaire INF, signé le 8 décembre 1987, a été officiellement déclaré mort vendredi par la Russie. De fait, un mois après la ratification, par Vladimir Poutine, de la suspension de la participation de Moscou, Washington a confirmé sa sortie du traité vendredi dans la matinée. Depuis, les deux pays s'accusent mutuellement de l'échec du traité.
Un missile russe au cœur des débats
"Le 2 août 2019, à l'initiative américaine, cesse la validité du Traité signé le 8 décembre 1987 à Washington par l'Union soviétique et les Etats-Unis sur la liquidation des missiles de portée intermédiaire", a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. "Le retrait des Etats-Unis conformément à l'article XV du traité prend effet [vendredi] car la Russie n'a pas renoué avec son respect total et vérifié", a déclaré dans un communiqué le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.
Ce traité abolit l'usage de toute une série de missiles à capacité nucléaire de portée intermédiaire (de 500 à 5.500 km). Dans les années 1980, cela avait permis l'élimination des SS20 russes et Pershing américains déployés en Europe. S'il était au cœur de nouvelles négociations, c'est à cause du missile russe 9M729 qui, selon les Occidentaux, viole le traité INF. Moscou, de son côté, dément en insistant sur le fait que ce missile a une portée maximale de 480 kilomètres.
Dialogue de sourd
Depuis six mois, un dialogue de sourd s'était engagé entre les Etats-Unis et la Russie. Les deux puissances, après s'être lancé tout un tas d'accusations mutuelles de violation, ont laissé expirer vendredi l'ultimatum lancé par l'administration de Donald Trump en février sans bouger sur leurs positions.
"Le traité INF nous a été utile, mais il ne fonctionne que si les deux parties le respectent", avait indiqué récemment le nouveau chef du Pentagone Mark Esper. "Le monde va perdre un outil précieux contre la guerre nucléaire", a regretté jeudi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. "Cela va probablement renforcer, et non affaiblir, la menace posée par les missiles balistiques."
La mort de l'INF arrange les États-Unis
Après la fin du traité INF, il ne restera en vigueur qu'un seul accord nucléaire bilatéral entre Moscou et Washington: le traité START, qui maintient les arsenaux nucléaires des deux pays bien en deçà du niveau de la Guerre froide et dont le dernier volet arrive à échéance en 2021. Questionné jeudi au sujet du traité INF, le président américain Donald Trump a répondu : "La Russie voudrait faire quelque chose au sujet d'un traité nucléaire. Je suis d'accord". "Ils voudraient faire quelque chose et moi aussi", a-t-il ajouté sans plus de précision.
De fait, la mort du traité INF arrange bien les Etats-Unis, permettant au Pentagone de moderniser son arsenal pour contrer la montée en puissance de la Chine, qui cherche à affirmer sa suprématie militaire en Asie.