L'interview de Tony Blair "on a French radio" a eu des échos jusqu'en Ecosse. Le journal national The Scotsman en a même fait sa Une mercredi. Pour le quotidien, l'ancien Premier ministre britannique a bien confirmé, mardi sur Europe 1, qu'un "Brexit" serait synonyme d'indépendance pour l'Ecosse.
Un "Brexit serait extrêmement grave". Dans son intervention, Tony Blair avait estimé que "si le Royaume-Uni vote pour sortir de l'Europe, l'Ecosse votera pour sortir du Royaume-Uni". Et le travailliste d'ajouter que tout cela serait "extrêmement grave pour la Grande-Bretagne".
Les Ecossais liés à l'Europe. De fait, les Ecossais ont toujours lorgné le Vieux Continent, conséquence de cinq siècles d'alliance entre la France et l'Ecosse contre la "perfide Albion", ennemi numéro 1. Jusqu'en 1903, les Ecossais réfugiés en France bénéficiaient ainsi automatiquement de la double-nationalité. Et le Bordeaux était la boisson nationale de l'Ecosse bien avant le whisky.
"Bruxelles" n'est pas un juron en écossais. Mais l'Histoire n'est pas la seule à pouvoir expliquer l'europhilie des Ecossais. Ces derniers, plus pauvres que les Anglais, votent plus à gauche (le parti conservateur n'existe pas vraiment en Ecosse) et profitent davantage des fonds européens. "Bruxelles" n'est donc pas un juron en écossais.
La force des indépendantistes. Dans ce contexte, les indépendantistes gagnent du terrain. Certes, ils ont perdu, en 2014, le troisième référendum demandant aux Ecossais s'ils voulaient se séparer de l'Angleterre. Mais ils ont réalisé un véritable raz-de-marée lors des élections législatives de mai 2015, raflant 56 des 59 sièges de députés en jeu dans cette région autonome. Et leur présidente, la très télégénique Nicola Sturgeon, a déjà prévenu que si Londres traînait l'Ecosse hors de l'Union européenne contre sa volonté, il y aurait un nouveau référendum sur l'indépendance.
La presse anglaise gênée. En octobre dernier, Nicola Sturgeon s'est engagé à faire campagne contre le Brexit. Mais il est fort à parier qu'elle restera en retrait si elle sent la moindre brise continentale pouvant libérer Edimbourg de son joug anglais. Il est d'ailleurs intéressant de constater que l'interview de Tony Blair n'a eu aucun écho dans la presse londonienne. Celle-ci, d'une europhobie tonitruante mais totalement contre l'indépendance écossaise, est visiblement gênée des possibles conséquences d'un "Brexit"...