Le parti du Premier ministre Hun Sen a revendiqué une victoire écrasante aux élections législatives de dimanche au Cambodge, un scrutin très controversé en l'absence de la principale force d'opposition dissoute en 2017.
"Nous espérons gagner plus de 100 sièges" sur 125, a déclaré le porte-parole du Parti du peuple cambodgien (PPC), Sok Eysan, citant des résultats préliminaires fournis par la Commission électorale cambodgienne. "Le PPC va obtenir plus de 80% des suffrages. C'est une énorme victoire pour nous", a-t-il ajouté. Les résultats définitifs doivent être officialisés le 15 août.
L'opposition dénonce un gouvernement illégitime. "À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire", a de son côté commenté Sam Rainsy, le fondateur du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP), principal parti d'opposition dissous en novembre 2017. "Pour la première fois depuis les élections organisées par l'ONU en 1993, le Cambodge n'a plus de gouvernement légitime reconnu comme tel par la communauté internationale", a dénoncé l'opposant, alors que Bruxelles et Washington ont retiré leur aide financière à ce scrutin controversé.
Un taux de participation qui avoisinerait les 82%. Une des questions-clés de ces élections était le taux d'abstention, Sam Rainsy ayant appelé au boycott depuis la France où il s'est exilé pour échapper à la prison. "Je ne suis pas allé voter. Beaucoup de mes amis ne sont pas allés voter", a assuré Khem Chan Vannak, ancien élu sous la bannière du CNRP. Mais, selon la Commission électorale, autorité contrôlée par le régime, le taux de participation avoisinerait les 82%, un chiffre largement supérieur à celui des dernières législatives de 2013 (69%). Dans les élections avec "un parti unique, le taux de participation est généralement plus élevé (car) le parti s'appuie sur l'intimidation des électeurs, l'achat de voix", a commenté Lee Morgenbesser de l'Université Griffith en Australie.
Plus de huit millions d'électeurs étaient inscrits sur les listes électorales et 80.000 policiers ont été mobilisés pour ce scrutin, la police se disant prête à "empêcher tout acte de terrorisme et de chaos".