C'est un scrutin que l'Europe entière observe avec beaucoup attention. Mercredi, les Néerlandais doivent désigner leurs nouveaux députés. Une élection considérée comme un test à l'échelle européenne, dans une année où la France et l'Allemagne doivent également voter. Là comme aux Pays-Bas, les sondages montrent une très nette poussée, depuis plusieurs mois, des candidats d'extrême-droite. Le Néerlandais Geert Wilders, anti-système, eurosceptique, anti-islam, anti-immigration et très critique sur les médias, pourrait bien ravir le plus grand nombre de sièges au Parlement.
Figure forte de la campagne. Actuellement, les sondages le donnent deuxième, après plusieurs mois en tête pendant lesquels Geert Wilders a pu largement diffuser ses thèmes de campagne. Au point que l'actuel favori, le Premier ministre Mark Rutte, et d'autres candidats, ont mis l'accent au fil de la campagne sur ce qu'ils appellent les "valeurs néerlandaises". La majorité des partis a toutefois juré de ne pas collaborer avec lui, il ne figurera probablement pas au gouvernement. Mais il deviendra une voix difficile à ignorer, en parvenant à "politiser (…) des choses qui ont longtemps été assez taboues aux Pays-Bas, parler de liberté de religion et des droits des réfugiés", analyse l'experte Monika Sie.
L'islam comme principal cheval de bataille. À 53 ans, l'élu se considère en effet en croisade contre "l'islamisation" des Pays-Bas et compare le Coran - dont il souhaite l'interdiction à la vente - à Mein Kampf d'Adolf Hitler. "Je ne dis pas que tous les musulmans sont mauvais ou sont des terroristes, cela serait ridicule", a-t-il affirmé récemment. "Mais je crois que dans tous les pays où l'islam est la religion dominante, on peut observer un manque de liberté, de démocratie, d'Etat de droit…" Dans son programme politique, qui tient sur une page A4, il promet d'interdire l'accès du pays aux immigrés musulmans et de fermer les mosquées. Et il a saisi l'opportunité de la crise diplomatique qui a éclaté le week-end dernier avec Ankara pour appeler à nouveau à fermer les frontières. Passé maître dans l'art d'utiliser les médias en les accusant de partialité, adoré ou détesté, il divise un pays qui se targue d'une longue tradition de tolérance multiculturelle.
Après l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis et le référendum pour le Brexit au Royaume-Uni, et alors qu'en France, Marine Le Pen caracole en tête des intentions de vote, le score obtenu par Geert Wilders aux Pays-Bas pourrait donne le ton d'une nouvelle politique européenne.