Le paysage politique iranien se transforme. Les alliés réformateurs et modérés du président iranien Hassan Rohani ont marqué des points dimanche lors des élections législatives, face aux conservateurs, en particulier à Téhéran et dans les grandes villes.
Au moins 65 élus proches de Rohani. Le parlement iranien compte 290 sièges. Selon des résultats partiels, les alliés de Rohani raflent 54 des 137 sièges pour lesquels les résultats ont été publiés. Ils parviennent même à faire carton plein dans la capitale, Téhéran, enlevant la totalité des 30 sièges mis en jeu. Un résultat historique dans ce traditionnel bastion conservateur. Sur les 109 circonscriptions de province dont les résultats sont connus, les conservateurs en gagnent 33, les réformateurs et modérés 24 et les indépendants 28. Parmi ces derniers, certains sont proches des conservateurs (13) mais onze sont proches des réformateurs (11), ce qui porte à 65 le nombre des alliés de Rohani élus. La tendance politique des autres est encore inconnue et un autre élu était à la fois sur les deux listes.
Les résultats définitifs de ces législatives sont attendus lundi ou mardi. Un second tour devra être organisé en avril ou mai dans au moins 23 circonscriptions. Mais grâce notamment à cette percée à Téhéran, le camp Rohani est dores-et-déjà assuré de disposer pour les quatre prochaines années d'au moins deux fois plus de députés que dans le précédent Parlement.
Des résultats "au delà de nos attentes". Religieux modéré, Hassan Rohani misait sur l'avancée majeure qu'a été l'accord nucléaire conclu en juillet avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien pour engranger un maximum de députés favorables à sa politique au Parlement. La plupart des conservateurs les plus radicaux qui s'étaient opposés à cet accord historique ont été éliminés. La percée des pro-Rohani, si elle se confirme, est d'autant plus remarquable que la plupart des grandes figures du camp réformateur avaient été écartées. C'est en effet le Conseil des gardiens de la Constitution qui valide les candidatures aux législatives. Or ce dernier avait retoqué la plupart des candidatures des proches de Rohani.
"Ces résultats sont au-delà de nos attentes", a réagi Ali Shakouri-Rad, un responsable réformateur, qui a toutefois assuré que son camp "fera preuve de retenue pour exprimer (sa) satisfaction". "On s'attendait à ce que les Iraniens donnent une majorité au camps Rohani. Mais franchement personne n'attendait une victoire aussi déterminante ! Les Iraniens ont envoyé un message net et évident : un soutien à la politique d'ouverture du président", analyse pour sa part Karim Pakzad, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), contacté par Europe 1.
Des percées aussi à l'Assemblée des experts ? Autre motif de satisfaction pour le président iranien : son élection et celle de son allié Akbar Hachemi Rafsandjani, ancien président de la République islamique, à l'Assemblée des experts. Cette chambre composée de 88 religieux élus pour huit ans est chargée de nommer le guide suprême iranien. Elle pourrait être amenée à jouer un rôle déterminant durant son mandat, puisque le guide actuel, Ali Khamenei, est âgé de 76 ans. Deux important religieux conservateurs connus pour leur hostilité envers les réformateurs, les ayatollahs Mohammad Yazdi, actuel chef de l'Assemblée des experts, et Mohammad Taghi Mesbah Yazdi, ne seraient pas en position d'être élus, selon des résultats partiels portant sur la presque totalité des bulletins dépouillés. En revanche, l'ayatollah Ahmad Janati, chef du puissant Conseil des Gardiens de la constitution (conservateur), serait, lui, élu.