Affaibli par les affaires, le Premier ministre islandais a limité la casse aux législatives anticipées de samedi, mais la dispersion des voix et une poussée à gauche menacent son maintien au pouvoir, selon des résultats encore partiels. Les résultats définitifs de ce scrutin à un tour ne sont pas attendus avant dimanche matin, mais le paysage de la nouvelle assemblée ne préfigurera en rien la couleur du futur gouvernement : la formation d'une majorité de droite ou de gauche pourrait prendre des semaines, voire des mois.
"Je suis optimiste quant à notre capacité à former un gouvernement." Après dépouillement de près de la moitié des bulletins dimanche vers 3h locales (4h heure française), le Parti de l'indépendance du chef du gouvernement, le conservateur Bjarni Benediktsson, était crédité de 17 sièges sur 63 à l'Althingi, le Parlement monocaméral de l'île subarctique. "Je suis optimiste quant à notre capacité à former un gouvernement", a déclaré Bjarni Benediktsson à l'AFP dans la nuit.
Son parti, qui a siégé dans quasiment tous les gouvernements depuis 1980, perdrait quatre sièges et serait talonné par le Mouvement Gauche-Verts de Katrin Jakobsdottir, qui obtiendrait 11 élus. A un ou deux mandats près, ces chiffres ne devraient pas évoluer significativement.
En tant que dirigeant du premier parti du pays, Bjarni Benediktsson devrait recevoir mandat du président pour tenter de former une majorité. S'il échouait, Katrin Jakobsdottir prendrait alors la main. Une hypothèse nullement farfelue car les partenaires traditionnels ou potentiels (Parti du progrès, libéraux de Renaissance) des conservateurs marquent nettement le pas et ne leur apporteraient ensemble que 11 mandats.
Huit partis appeler à siéger. A gauche, Mme Jakobsdottir pourrait inviter à la table des discussions Sociaux-démocrates et Pirates (contestataires). Mais ils ne totaliseraient ensemble que 25 mandats, trop peu pour atteindre la majorité de 32 sièges. Avec huit partis appelés à siéger -un record-, les médias islandais privilégient même l'hypothèse d'un gouvernement minoritaire. Le Parti du peuple, une jeune formation populiste qui a mis en sourdine son discours anti-immigration face aux critiques, doit faire son entrée au Parlement avec environ cinq élus.