Ses frasques ont cessé d'amuser le Congrès américain : l'élu républicain George Santos, qui s'est illustré par ses mensonges répétés et est accusé de délits financiers, a été destitué par ses pairs vendredi. Une centaine de républicains et plus de 200 démocrates ont voté pour évincer le trentenaire. La Chambre des représentants n'avait jusqu'ici utilisé une telle sanction que cinq fois dans son histoire.
Après son élection en novembre 2022, et à la suite de révélations du New York Times, George Santos ans avait dû admettre avoir menti sur des pans entiers de sa vie pour embellir son CV. Il avait dû concéder n'avoir jamais travaillé pour les grandes banques américaines Goldman Sachs ou Citigroup, ni détenir de diplôme universitaire de la New York University (NYU). Élu de l'État de New York, il avait également été inculpé d'escroquerie envers ses donateurs ainsi que pour blanchiment et fraude électronique. Il a plaidé non coupable.
Il avait refusé de démissionner
L'élu, dont les tricheries faisaient les choux gras des réseaux sociaux, a longtemps réussi à surmonter les appels à la démission, lancés dès son investiture par des élus des deux bords. Jusqu'à la publication d'un rapport de la commission d'éthique de la Chambre des représentants, l'accusant d'avoir "gravement discrédité" l'institution. Selon la commission, l'élu a "cherché à exploiter frauduleusement chaque aspect de sa candidature pour son profit financier personnel" et a "constamment menti à ses électeurs, ses donateurs et son équipe sur son passé et son expérience".
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D'après le rapport, l'élu s'est servi de l'argent détourné pour des achats dans le magasin de luxe Ferragamo, dans un casino, pour des traitements cosmétiques au "Botox" et sur la plateforme OnlyFans, sur laquelle des utilisateurs peuvent partager leurs vidéos et photos à caractère sexuel. George Santos avait réagi en qualifiant ce texte de "calomnie politique" tout en assurant qu'il ne se représenterait pas en 2024 pour un nouveau mandat.
Également accusé d'avoir exagéré la réalité en se présentant comme "un Américain fier d'être juif", ou encore comme le petit-fils de survivants de la Shoah ayant fui la barbarie nazie, il avait refusé de démissionner.
"J'ai accepté mon destin"
Vendredi matin, l'élu semblait toutefois résigné. "J'ai accepté mon destin. Si la volonté de Dieu est de me garder ici, je resterai, si sa volonté est que je parte, je partirai", avait-il déclaré vendredi matin à Fox News quelques heures avant le vote. Il avait été convoqué par le président de la commission d'éthique de la Chambre des représentants à majorité républicaine, Michael Guest le jugeant "indigne de servir comme membre" de cette institution.
Une précédente motion d'exclusion avait été rejetée, car elle n'avait pas recueilli la majorité des deux tiers des voix des représentants présents nécessaire. Le dernier élu de la Chambre des représentants exclu par ses pairs était un démocrate de l'Ohio, James Traficant, évincé en 2002 sur la base de dix chefs d'accusation, dont celui de corruption. Il avait, la semaine suivante, été condamné à huit ans de prison.