Des checkpoints pour limiter les attaques au couteau. Pour tenter d’enrayer la montée des violences à l’arme blanche commises contre des Israéliens depuis début octobre, des points de contrôle ont été mis en place, dès mercredi, dans les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est.
Une mesure qui pourrait ajouter au ressentiment des Palestiniens, dont elle complique considérablement la vie et les déplacements, pour se rendre par exemple au travail ou à l’école. C’est ce qu’estime notamment Charles Enderlin, journaliste spécialiste du Proche-Orient.
Le contrôle crée de la frustration. "Mettre en place des checkpoints n’est pas nouveau", souligne le spécialiste. "Ces mesures sont évidemment destinées à rassurer les Israéliens, mais elles risquent d’avoir un effet contraire car ces checkpoints vont empêcher la population de continuer à se déplacer, à se rendre au travail", regrette-t-il.
Un point de vue partagé par Xavier Guignard, doctorant associé à l’Institut français du Proche-Orient. "Limiter le déplacement de 300.000 personnes, c’est politiquement désastreux et ne fait que créer de la frustration", estime-t-il.
Pour lui, il n’est d’ailleurs pas correct de parler de checkpoint car "il ne s’agit pas de contrôler la population arabe, mais de la confiner dans un quartier, de l’enfermer", explique Xavier Guignard, allant même jusqu’à parler de "politique de ghettoïsation" des Palestiniens. Une politique qui selon lui pourrait pousser certains habitants à se rebeller contre les soldats israéliens à Jérusalem-Est.
Les attaques au couteau ne sont pas nouvelles. Pour les deux spécialistes, les mesures prises par Benjamin Netanyahou n’empêcheront pas d’autres attaques de se produire. "Si un Palestinien veut passer, il passera", résume Charles Enderlin qui précise que ces "attaques au couteau ne sont pas nouvelles, des attaques avaient déjà eu lieu dans les années quatre-vingt-dix".
Le spécialiste souligne néanmoins l’ampleur particulière du phénomène cette fois-ci, et s’interroge sur le rôle des réseaux sociaux qui "ont attisé cette vague de violence avec des appels au meurtre lancés" sur Facebook notamment. "Des appels qui se multiplient", ajoute-t-il.
Ce n’est pas la troisième Intifada. Pour Charles Enderlin, on ne peut pas parler d’intifada. "Mettre des étiquettes sur un soulèvement palestinien pour le comparer à des évènements passés me paraît prématuré. Mais on assiste en effet à un nouveau cycle de violences", observe-t-il. Une analyse que partage Xavier Guignard. "On n’est pas du tout au même niveau de participation populaire que ce qu’on a pu connaître lors des deux premières Intifadas", souligne le chercheur. De plus, ces deux premières Intifadas avaient pour "caractéristiques", d’avoir duré plusieurs mois, voire années, "il est donc bien trop tôt pour utiliser ce terme pour qualifier les évènements d’aujourd’hui". Le chercheur précise également que l’expression "Intifada des couteaux" ne veut absolument rien dire et surtout "elle réduit la situation actuelle à un aspect seulement des évènements".