Après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, Emmanuel Macron s'est déjà entretenu avec le président-élu durant 25 minutes. Un entretien "chaleureux" entre deux hommes qui ont déjà travaillé ensemble malgré des désaccords parfois profonds entre eux. Mais quelles seront les relations entre les deux chefs d'État pour les années à venir ?
Après une victoire éclatante face à Kamala Harris, Donald Trump va faire son retour à la Maison-Blanche, quatre ans après l'avoir quittée dans le chaos. Le 47e président des États-Unis a été félicité par de nombreux chefs d'État pour sa victoire, dont Emmanuel Macron . Sur X, le président de la République s'est dit "prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années [...] pour plus de paix et de prospérité". Désormais, à quoi faut-il s'attendre pour l'avenir ?
"Il y a eu une bonne dynamique entre deux personnalités que tout oppose"
Après sa première élection, Emmanuel Macron avait souhaité nouer une relation forte avec Donald Trump. Le président français l'avait d'ailleurs reçu en grandes pompes à l'occasion du 14-Juillet en 2017. Le président américain avait été l'invité d'honneur du défilé militaire sur les Champs-Élysées cette année-là et les deux couples présidentiels avaient dîné au restaurant de la tour Eiffel. Des moments complices qui laissaient augurer d'une bonne relation entre les deux chefs d'État.
"Les quatre années du premier mandat de Macron, qui ont coïncidé avec le premier mandat de Trump, se sont bien passés", confirme d'ailleurs Romuald Sciaro, chercheur associé à l’IRIS et directeur l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS. "Macron est quelqu'un qui aime séduire. Donald Trump est un homme qui a un égo surdimensionné et qui, si on fait l'effort de vouloir lui plaire, demeure ouvert. Donc à partir de ce moment-là, il y a eu une bonne dynamique entre deux personnalités que tout oppose".
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Une concurrence entre la France et les États-Unis a pu exister sur différents sujets durant le premier mandat de Donald Trump, notamment sur les taxations qu'il souhaitait mettre en place sur des produits français comme le vin, mais les relations entre les deux présidents étaient "apaisées", ce qui a permis "d'éviter des tensions inutiles, mais qui a vu de néanmoins les deux chefs d'État demeurer sur leurs positions", estime Romuald Sciaro.
Donald Trump "aura du mal à accepter la moindre petite remarque"
Après sa seconde élection à la tête des États-Unis, Emmanuel Macron a été un des premiers chefs d'État à s'entretenir avec le nouveau président élu américain. Un "très bon échange de 25 minutes", "chaleureux", durant lequel ils ont exprimé leur "volonté d'œuvrer au retour de la paix et de la stabilité" face "aux grandes crises internationales en cours", a précisé le palais de l'Élysée. Mais sept ans après leur première rencontre, les choses seront "très, très différentes" entre les deux hommes.
Donald Trump est aujourd'hui un homme qui "n'est pas loin de croire qu'il a une mission à accomplir sur Terre", déclare Romuald Sciaro. "Les dirigeants occidentaux, dont Emmanuel Macron, vont se retrouver face à un Trump beaucoup plus sûr politiquement de lui-même, qui se juge invincible, indestructible, si ce n'est immortel. Il aura du mal à accepter la moindre petite remarque, la moindre petite critique". Un sentiment de toute puissance. "Il sera plus difficile pour Macron, qui a vieilli, d'user de sa séduction auprès de Trump qui sera beaucoup plus hermétique".
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Malgré cela, le président français fait déjà entendre sa voix en Europe. À Budapest ce jeudi, il a appelé l'Europe à ne pas "déléguer pour l'éternité" leur sécurité aux Américains. "Je pense que c'est notre priorité. On ne doit être ni dans un 'transatlantisme' qui serait naïf, ni dans la remise en cause de nos alliances, ni non plus dans un nationalisme étriqué qui ne nous permettrait pas de relever ce défi face à la Chine et aux États-Unis d'Amérique."
Mais cette prise de position "restera lettre morte", selon notre expert. "On va voir un Macron prêchant dans le désert la démocratie, les droits de l'homme, le pluralisme, l'autonomie européenne, mais c'est un petit peu comme un prophète fatigué et peu écouté dans son pays qu'il fera tout cela malheureusement". Face à un Donald Trump plus déterminé que jamais, les bonnes intentions pourraient ne pas suffire.