Quarante jours pour autant de bouleversements à la tête de l’administration par rapport à son prédécesseur, Barack Obama. Mardi, à 1 heure du matin (heure française), Donald Trump se présente au Congrès à majorité républicaine après un mois d’une présidence inédite et imprévisible. Surprendra-t-il une nouvelle fois ? Rendez-vous majeur du début de son mandat, cette rencontre face au monde politique et au peuple américains revêt une importance certaine pour un président confronté à cinq grands défis, des contours de sa politique à son rapport à l'opinion.
Clarifier sa position sur l’Obamacare
Il en a fait un des symboles de sa campagne contre le camp démocrate : Donald Trump a répété qu’il voulait abroger l’Obamacare, mesure phare de la présidence Obama. Mais jusqu'ici, il n'a jamais précisé la manière dont il remplacerait ce dispositif assurant à des millions d’Américains une couverture maladie. Mardi, il a promis de s’exprimer plus longuement sur le sujet.
Pour l’heure, l’Obamacare n’a pas été abrogé par son administration, mais seulement allégée par un décret. Dans une interview accordée au Washington Post, peu avant son investiture, Donald Trump indiquait qu’il souhaitait le maintien d’une assurance maladie pour tous". Mais de l’abrogation brutale à l’aménagement du dispositif actuel, la feuille de route du président reste indécise.
Présenter une vision positive des États-Unis
"Le carnage américain s’arrête ici et maintenant", lançait Donald Trump lors de son investiture, le 20 janvier, brossant le sombre portrait d’une Amérique fragilisée, selon lui, par le chômage, l’immigration et l’irresponsabilité des élites. Depuis, le milliardaire s’est progressivement tourné vers l’avenir, insistant sur sa volonté de redynamiser l’économie afin de "rendre à l’Amérique sa grandeur".
Son discours face au Congrès ne devrait pas détonner avec ses dernières déclarations : "C’est l’occasion pour lui de présenter une vision très positive pour le pays et de vraiment parler à l’Amérique, du potentiel dont nous disposons", dixit Sean Spicer, porte-parole de la Maison-Blanche. Il devrait notamment décliner ses objectifs en matière d’immigration, d’infrastructures et d’environnement, sans pour autant rentrer trop précisément dans les détails.
Convaincre son camp divisé
Face à lui, mardi, Donald Trump aura une Chambre des représentants et un Sénat à majorité républicaine. Un rare alignement des planètes qui, en théorie, lui permet d’appliquer son programme sans opposition. Mais tous les parlementaires de son camp ne sont pas unis derrière lui. Il devra donc ne pas trop les malmener lors de son intervention, pour ne pas se couper du président de la chambre des représentants Paul Ryan et des autres responsables inquiets, notamment, de son isolationnisme et de ses manières plutôt cavalières en matière de diplomatie. "La plupart des Républicains proches de Donald Trump apprécient ce qu’il propose mais sont un peu rebutés par son style", assure un cadre du parti au média américain The Hill.
Redresser sa cote de popularité
Reste que la popularité de Donald Trump demeure bien plus importante dans les travées du parti républicain que dans l’opinion. D’après un sondage publié dimanche, 44% des Américains approuvent son action à la tête de l’État ; ce chiffre n’a jamais été aussi bas pour un président américain à ce stade du mandat. Fin janvier, une autre enquête d’opinion montrait que les électeurs considèrent qu’il sera le plus mauvais président depuis Richard Nixon. Mardi, l’un des enjeux pour lui est donc de prouver qu’il peut redonner un élan à sa présidence, coutumière des controverses.
Rester ferme face aux médias
Le refrain est connu, au point d’être probablement entonné par son auteur face au Congrès : mardi, Donald Trump devrait se livrer à une énième charge contre les médias après une semaine où les rapports entre l’administration et la presse se sont une nouvelle fois tendus. Il y a d’abord eu son refus d’assister au traditionnel dîner des correspondants, exercice de dérision entre le président américain et les journalistes, particulièrement apprécié de Barack Obama quand il dirigeait le pays.
I will not be attending the White House Correspondents' Association Dinner this year. Please wish everyone well and have a great evening!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 25 février 2017
Il y a ensuite eu l’interdiction faite aux médias comme le New York Times, CNN ou la BBC d’assister au dernier point-presse à la Maison-Blanche, vendredi. En revanche, il répondra volontiers mardi matin à Fox News, un des seuls médias qui trouve grâce à ses yeux. Où il préparera sans aucun doute le terrain de l’opinion pour l’un des premiers temps forts de son mandat.