Les ennemis syriens, régime et opposition, engagés dans une guerre sanglante depuis près de cinq ans, étaient tous à Genève dimanche, pressés par l'ONU d'entrer dans des discussions indirectes pour mettre un terme au conflit, mais le processus est menacé avant même d'avoir commencé.
L'opposition menace déjà. Le pari de l'ONU apparaît en effet très difficile à tenir, tant la méfiance et le ressentiment sont au paroxysme entre les deux parties. A peine arrivée samedi soir, l'opposition, qui avait déjà hésité pendant quatre jours avant d'accepter de venir en Suisse, a prévenu qu'elle quitterait les discussions si le régime poursuivait ses "crimes".
La guerre en Syrie a fait plus de 260.000 morts. "Nous n'entrerons pas dans les négociations avant l'annonce de décisions qui garantiront la levée des sièges et l'arrêt des bombardements des civils", a répété un porte-parole du Haut comité des négociations (HCN, opposition), Riad Naasan Agha, à son arrivée. Il a également mentionné comme condition la libération de détenus, dont l'opposition a commencé à dresser une liste. La délégation du HCN doit s'entretenir dimanche avec l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, aux manettes depuis 2014. Son objectif : amener la délégation de Damas et celle de l'opposition à entrer dans un processus de discussions indirectes, avec des émissaires faisant la navette entre les deux. Une gageure, tant la situation humanitaire est catastrophique sur le terrain.
Depuis mars 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 260.000 morts et jeté des millions de personnes sur les routes. Et chaque jour, le bilan s'alourdit. Samedi, MSF a ainsi annoncé que 46 personnes étaient mortes de faim depuis le 1er décembre à Madaya, près de Damas, où 40.000 personnes sont assiégées par le régime. Outre cette ville-symbole, 13 autres villes sont assiégées par le régime, les rebelles ou les jihadistes de l'Etat islamique (EI), selon l'ONU.