Le candidat français à la Commission européenne, Thierry Breton, a promis jeudi d'être "radical" pour éviter les conflits d'intérêts avec son ancienne fonction de PDG du groupe Atos si les eurodéputés approuvent sa nomination. C'est désormais chose faite.
Les eurodéputés ont donné jeudi leur feu vert au Français Thierry Breton pour qu'il devienne commissaire européen au marché unique et au numérique, malgré les risques de conflits d'intérêts soulevés par certains groupes politiques. Cette approbation intervient après l'échec essuyé par la France avec la candidature de Sylvie Goulard.
Le choix de l'ancien PDG d'Atos a été approuvé par le PPE (droite), les libéraux de Renew, le groupe Socialiste et démocrates et les conservateurs d'ECR. La gauche radicale, les écologistes et l'extrême droite, minoritaires, avaient eux demandé que des clarifications supplémentaires lui soient réclamées par écrit.
"Il n'y a qu'une seule solution, être radical"
"J'ai hâte de me mettre au travail pour mettre en oeuvre la vision que j'ai développée devant le Parlement européen", a réagi monsieur Breton auprès de l'AFP. La présidence française a salué "une très bonne nouvelle". Lors de son audition, celui qui deviendra la premier grand patron de l'histoire de l'UE commissaire européen, s'est efforcé d'apaiser les craintes des eurodéputés.
Face aux risques de conflits d'intérêts, "il n'y a qu'une seule solution, être radical. Je dis bien radical", a promis l'ancien ministre de l'Economie (2005-2007), dont le large portefeuille économique comprend plusieurs secteurs directement en lien avec son ancienne entreprise. Thierry Breton a dit son intention de se récuser sur les sujets qui concerneraient directement Atos, par exemple "des contrats" qui seraient passés avec l'UE.
"Votre nomination est un mélange des genres"
Mais de manière plus globale, il a exclu de se dessaisir des questions portant sur les secteurs sur lesquels évolue Atos, comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité et les supercalculateurs. "Ce serait une aberration", a-t-il tranché, répétant à plusieurs reprises qu'il serait "commissaire sur l'ensemble du portefeuille."
"Peut-être que ça ne vous ne plaira pas. Et bien vous ne voterez pas" en ma faveur, a-t-il dit au socialiste Timo Wölken. "Votre nomination est un mélange des genres qui crée de la confusion", lui a lancé l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint, soulignant qu'il existait un "parfait chevauchement" entre les activités d'Atos et son portefeuille de commissaire. Le député de la gauche radicale (GUE), Manuel Bompard, a quant à lui estimé que M. Breton était incapable de garantir que ses "activités passées n'influeront pas (sur ses) activités à venir".
"Je n'ai plus aucun intérêt dans les entreprises que j'ai dirigées. Zéro. Zéro !"
"Il y a un certain nombre de flux entre l'entreprise que j'ai dirigée" et ce poste à la Commission, "pas énorme du reste", a reconnu monsieur Breton. Mais "le règlement l'a parfaitement prévu", a-t-il ajouté, citant le code de conduite des commissaires européens. Il a rappelé aux eurodéputés qu'il avait déjà vendu la totalité de ses actions - pour un montant de 45 millions d'euros, selon les documents de l'Autorité des marchés financiers (AMF) - et démissionné des mandats qu'il exerçait dans divers conseils d'administration.
"Je n'ai plus aucun intérêt dans les entreprises que j'ai dirigées. Zéro. Zéro !", a-t-il insisté
Le Français a été globalement moins attaqué sur la question des conflits d'intérêts que le premier choix d'Emmanuel Macron pour la Commission, Sylvie Goulard, écartée début octobre pour des raisons éthiques.