Les expatriés toujours dans le flou à un mois du Brexit : "Je préfère assurer mes arrières et prendre la nationalité britannique"

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Romain David , modifié à
Française vivant à Londres depuis 2001, Florence Mele explique au micro d'Eva Roque, sur Europe 1, pourquoi elle choisit de changer de nationalité face au Brexit.
TÉMOIGNAGE

Les discussions autour du Brexit n'en finissent plus de s'enliser. Alors que la date officielle de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne a été fixée au 29 mars, Theresa May, la Première ministre britannique, a estimé lundi qu'un report serait "une solution rationnelle", tandis que l'opposition, notamment incarnée par le Labour party, évoque désormais la piste d'un second référendum. De quoi nourrir les plus fortes inquiétudes chez les expatriés, qui ne sont toujours pas fixés sur leur sort. "Je suis très inquiète. Là, on a aucune confiance en ce que nous raconte le gouvernement britannique puisqu'il y a des demi-tours toutes les cinq minutes", rapporte ainsi au micro d'Eva Roque, sur Europe 1, Florence Mele, Française vivant à Londres depuis 18 ans.

Changer de nationalité. "On nous a promis que l'on pourrait toujours avoir accès au système de soins, le NHS (National Health Service, ndlr), qui est un système de soins gratuit mais on n'en est pas sûrs. Pour la retraite, moi je cotise ici, que va-t-il se passer ? Je ne sais pas", explique cette femme qui a entamé les démarches pour changer de nationalité. "Je préfère assurer mes arrières et prendre la nationalité britannique", explique-t-elle. "Je n'aurai pas besoin de permis de travail ou de séjour."

" Je sais que je ne serai jamais considérée comme une vraie citoyenne britannique, mais toujours comme une immigrée "

"On est tous extrêmement stressés et très inquiets. Beaucoup de Français sont déjà partis et beaucoup de Français disent qu'ils refuseront toujours de prendre la nationalité britannique et que, de toute façon, si les Anglais ne veulent plus d'eux, ils partiront", poursuit Florence Mele. "Dans mon cas, après 18 ans, ça me serait vraiment difficile de quitter le Royaume-Uni, et je préfère prendre la nationalité britannique, même si je sais que je ne serai jamais considérée comme une vraie citoyenne britannique, mais toujours comme une immigrée."

Londres "a beaucoup changé". Pour cette Française, le Brexit a exacerbé de vives tensions au sein de la société britannique. "Je suis arrivée ici en 2001, et à l'époque Londres était une ville tellement attractive et dynamique qu'énormément de Français quittaient Paris […]. Evidemment, depuis ça a beaucoup changé", raconte-t-elle, alors que sa fille a été agressée dans un bus juste après le référendum du 23 juin 2016, "parce que qu'elle parlait français avec ses amis". "C'était une agression verbale et physique, une fille a pris un coup de poing dans le ventre et un garçon a été plaqué contre la fenêtre du bus", raconte-t-elle.

Une nouvelle classe de citoyens, "les Britanniques du Brexit". Après avoir candidaté à des élections locales et aux élections européennes, comme l'y autorise la loi anglaise, Florence Mele espère que l'acquisition de la nationalité britannique lui permettra de s'investir davantage dans la politique outre-Manche. "Je me suis impliquée en politique avec le parti libéral démocrate, qui est le parti centriste britannique. […] Une fois que j'aurai la nationalité britannique, je pourrai me présenter au Parlement, et c'est ça mon ambition", avoue-t-elle. "L'une des conséquences du Brexit, c'est qu'il va y avoir beaucoup de nouveaux Britanniques, les Britanniques du Brexit, qui vont s'impliquer en politique."