Les femmes en première ligne dans les rues d’Alger : "On parle des droits de la société, pas forcément des droits de la femme"

  • Copié
Matthieu Bock, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à

La mobilisation historique contre le pouvoir en place en Algérie est aussi l'occasion pour les femmes de faire passer certains messages. Aujourd'hui, elles ont "une place dans le mouvement, mais pas dans la société", déplore Wahiba.

L'Algérie a connu son sixième vendredi de mobilisation, le premier depuis que le général Gaïd Salah a demandé à ce que le président Abdelaziz Bouteflika soit déclaré inapte. Et parmi les centaines de milliers de manifestants présents, les femmes sont une nouvelle fois présentes. En Algérie, un pays où elles ne représentent que 18% de la population en activité (chiffres de Office national des Statistiques), elles doivent encore se battre pour prendre leur place.

"Les femmes sont toujours là, présentes !" Au milieu du cortège, un groupe de femmes, drapeau en guise de foulard, entonne ses propres chants : "Il y en a marre de ce pouvoir !" A la tête du groupe, Fatima harangue la foule en levant le point au ciel. "On a toujours notre place. Pour les manifestations, nous sommes toujours là. Les femmes sont toujours là, présentes !", lâche-t-elle.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"Une place dans le mouvement mais pas dans la société." Juste derrière, Wahiba sourit légèrement. Elle n’est pas d’accord avec cette idée que les femmes ont pleinement leur place aujourd’hui : "Pas vraiment, c'est-à-dire une place dans le mouvement, mais pas dans la société. C'est comme ça que ça s'est passé en 62 pendant la guerre de libération. Il y avait les hommes, les femmes mais à l'indépendance, les droits n'étaient pas les mêmes. Il faut le dire."

"On parle des droits de la société pour le moment, mais ce ne sont pas forcément les droits de la femme", poursuit-elle. Wahiba rajoute que c’est la raison pour laquelle elle participera à toutes les manifestations, jusqu’au départ du régime.

"On veut une 'Bouteflikactomie.'" Sarah, étudiante en médecine et blouse blanche sur les épaules, a quant à elle choisi un morceau de carton qu'elle tient à bout de bras pour faire passer son message, qui y est inscrit au feutre noir. "On veut une 'Bouteflikactomie', c'est-à-dire une ablation totale du système de Bouteflika. On doit changer tout le système pour que l'on puisse changer notre pays nous-mêmes", explique-t-elle. Quelle que soit la forme, les femmes profitent donc de cette mobilisation pour faire entendre leur voix en Algérie.