Dès l'annonce des tirs mardi soir, la télévision étatique a diffusé des scènes de joie à travers le pays, avec des personnes brandissant des drapeaux du Hezbollah libanais pro-iranien et des portraits de son chef, Hassan Nasrallah, assassiné par Israël la semaine dernière.
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Israël veut "faire payer le prix" à Téhéran
"Mort à Israël ! Mort à l'Amérique !", scandait la foule dans les rues. "Nous sommes prêts à accepter toutes les conséquences, quelles qu'elles soient, et nous n'avons aucune crainte", a déclaré à l'AFP Hedyeh Gholizadeh, 29 ans, interrogée lors d'un rassemblement sur la place de la Palestine, dans le centre de Téhéran. Elle a assuré éprouver un "sentiment de fierté" après ces frappes de quelque 200 missiles par l'Iran, acculé et obligé de riposter après une série de coups durs portés par Israël, selon des analystes.
Mercredi après-midi, un millier de personnes se sont rassemblées à Téhéran à l'appel des autorités, ont constaté des journalistes de l'AFP. Cette opération contre Israël, la deuxième en six mois, a été menée en réponse à la mort de dirigeants alliés de la République islamique dans leur "axe de la résistance" à Israël, qui comprend notamment le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. Israël a juré de "faire payer le prix" à Téhéran dans une réponse soutenue par les Etats-Unis, des menaces qui font craindre à certains Iraniens qu'une guerre ouverte éclate.
"Je suis très inquiet, car si Israël veut prendre des mesures de représailles, cela entraînera une extension de la guerre", a dit à l'AFP Mansour Firouzabadi, un infirmier de 45 ans vivant à Téhéran. Selon des analystes, ce tir de barrage ayant visé selon Téhéran des bases aériennes est une réponse aux revers infligés par Israël contre les alliés régionaux de l'Iran. D'après Ali Vaez, de l'International Crisis Group, l'Iran avait pris "un risque calculé en avril", lors de sa première attaque contre Israël, en réaction à une frappe israélienne ayant détruit son consulat en Syrie.
"Ce coup bien plus audacieux du régime (iranien) reflète les défis croissants auxquels il est confronté, alors que ses partenaires les plus proches ont été affaiblis sur de multiples fronts", a-t-il dit à l'AFP. Selon M. Vaez, "ne pas répondre aurait pu éroder davantage la crédibilité de l'Iran auprès de ses alliés, donnant l'impression que Téhéran était passif". Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, devrait prononcer un rare discours lors de la prière ce vendredi, qui pourrait donner le ton pour la suite des actions iraniennes après avoir assuré que la mort de Nasrallah n'était "pas anodine".
La dernière fois qu'il a dirigé la prière du vendredi remonte à près de cinq ans, quand l'Iran avait tiré des missiles balistiques contre des bases aériennes américaines en Irak après l'assassinat par les Etats-Unis en janvier 2020 de Qassem Soleimani, commandant des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime.
"Loin d'être terminé"
Le président iranien Massoud Pezeshkian avait assuré récemment que l'Iran avait "essayé de ne pas réagir" avec l'assassinat d'Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, craignant que cela ne fasse dérailler les efforts américains pour un cessez-le-feu à Gaza. Toutefois, les promesses des États-Unis et de leurs alliés d'un "cessez-le-feu en échange de la non-réaction de l'Iran" (...) étaient complètement fausses", a-t-il déclaré. Le gouvernement de Pezeshkian était soumis à une pression croissante de la part des conservateurs pour réagir directement contre Israël, qui s'est intensifiée après l'assassinat de Nasrallah.
L'Iran a promis une "riposte écrasante" si Israël répondait aux frappes et mis en garde contre toute intervention militaire directe en soutien à Israël. Si Téhéran assure que le "chapitre est clos (...), c'est en réalité loin d'être le cas", estime l'expert Vaez. "Le dernier mot sur ce conflit n'appartient pas à l'Iran, mais à Israël et aux États-Unis", a-t-il ajouté. D'après l'expert, "à en croire les derniers développements à Gaza, au Liban et au Yémen avec les rebelles Houthis (alliés de l'Iran), cette confrontation est loin d'être terminée".