"Cauchemar", "consternation", "tournant historique" : les médias allemands rivalisaient de superlatifs lundi pour décrire le choc des élections législatives de dimanche marquées par une percée de la droite nationaliste.
"Un cauchemar" pour Merkel. "Claque pour Merkel, débâcle pour Schulz, succès choc pour l'AfD : le résultat de ce 'vote de la colère' va profondément changer l'Allemagne", estime le journal populaire Bild. Les conservateurs de la chancelière Angela Merkel ont certes remporté le scrutin, mais ils ressortent affaiblis après un score décevant. Les sociaux-démocrates de Martin Schulz arrivent deuxième, mais avec le résultat le plus bas de leur histoire, tandis que le parti anti-euro et anti-migrants Alternative pour l'Allemagne (AfD) fait une entrée fracassante à la chambre des députés. "Une victoire cauchemardesque", pour Angela Merkel, résume le journal le plus lu d'Allemagne.
"Une ère beaucoup plus rude". "La progression spectaculaire des populistes de droite constitue un tournant historique pour la vie politique allemande", faite de culture du consensus et de débats policés, et qui entre dans une ère beaucoup plus rude et conflictuelle, relève de son côté le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).
Merkel, "la responsable". "La consternation règne dans les rangs conservateurs et la principale responsable est toute désignée", estime de son côté le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung. "Angela Merkel peut rester chancelière, elle a atteint son 'objectif stratégique'. Mais elle paie un prix élevé : la coalition gouvernementale a été gravement sanctionnée (...). L'AfD entre au Bundestag avec un score supérieur à 10%. Et il sera extrêmement compliqué de former une alliance gouvernementale solide pour les quatre ans à venir", pointe l'édition en ligne du Spiegel.
Les Sociaux-démocrates ayant catégoriquement exclu de gouverner de nouveau avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Angela Merkel n'a d'autre option que de négocier une coalition avec les Verts et les libéraux du FDP, qui font leur retour au Bundestag après en avoir été éjecté en 2013. Mais l'avenir d'une telle configuration s'annonce incertain. "La coalition qui menace entre le CDU, le FDP et les Verts ne sera qu'une alliance épuisante qui n'est pas faite pour durer", sur l'ensemble des quatre années à venir, prédit le FAZ.