C'est un traité historique qui manque encore de mode d'emploi : les États du monde sont réunis à partir de lundi à Marrakech au Maroc pour s'accorder sur l'application de l'accord de Paris, qui pour la première fois a vu la communauté internationale s'engager contre le dérèglement du climat.
La présidentielle américaine dans toutes les têtes. Pour ces premiers jours, les quelque 15.000 participants à la conférence annuelle de l'ONU devraient avoir largement l'esprit outre-Atlantique, où se joue la présidentielle américaine. Alors que le républicain Donald Trump a déjà assuré qu'il attaquerait l'accord s'il était élu, la responsable climat de l'ONU s'est dit, dimanche, "désireuse de travailler avec le/la futur(e) président(e)". "Nous espérons que nous pourrons avoir une relation très constructive et positive", a dit à la presse Patricia Espinosa. Les États-Unis, 2e émetteur mondial de gaz à effet de serre, "sont l'un de nos partenaires les plus importants, leur participation à cet accord est cruciale". "Maintenant, l'accord de Paris est entré en vigueur" vendredi, a-t-elle rappelé : "et nous sommes tous contraints par cet engagement".
Une feuille de route… L'accord de Paris adopté fin 2015, signé par 192 États et ratifié jusqu'ici par 100 d'entre eux (représentant près de 70% des émissions mondiales), est désormais "la feuille de route du combat contre le changement climatique", souligne Manuel Pulgar-Vidal, ministre péruvien qui présida la COP20, aujourd'hui responsable du WWF. Mais à la COP22 à Marrakech, les négociateurs devront encore commencer à s'accorder sur toute une liste de procédures, qui feront au final de Paris un vrai succès ou pas.
… qui attend son mode d'emploi. Leur première tâche sera, selon la négociatrice française Laurence Tubiana, d'"achever les règles" de ce pacte complexe qui inclut notamment un objectif collectif (ne pas dépasser +2°C de réchauffement), des promesses nationales d'action (insuffisantes à ce stade) et des principes généraux pour les revoir à la hausse. Concrètement, cela signifiera résoudre toute une série de questions délicates : comment suivre les émissions de GES de chaque pays ? comment garantir le financement des politiques climatiques des pays du Sud promis par le Nord ? quels pourront être les critères de "compensation" des pays pauvres touchés par les impacts climatiques, sécheresses, inondations et autres tempêtes ? "La COP22 est vraiment une COP pour l'application et l'action," a expliqué le négociateur américain Jonathan Pershing à la presse. Le consensus actuel est de parvenir à un accord sur ces sujets d'ici 2018.