Giusi Nicolini est maire de l’île italienne de Lampedusa depuis mai 2012. Trois années et demi au cours desquelles elle a vu arriver des centaines de réfugiés qui ont fui leur pays à bord de fragiles embarcations et qu’elle a tenté d’accueillir de la manière la plus humaine possible. Elle a reçu jeudi le prix Simone de Beauvoir, qui salue les personnes luttant pour l’égalité entre les hommes et les femmes. L’édile est revenue vendredi dans La Matinale d'Europe 1 sur son quotidien et son engagement.
Lettre ouverte à l'UE. "Personne d’entre nous n’est préparé à une telle tragédie", a déclaré la maire à propos du naufrage qui a fait 366 morts le 3 octobre 2013. "C’était une chose trop insupportable. Je voudrais que ce soit aussi insupportable pour le reste de l’Europe mais j’ai l’impression qu’en ce moment, il y a un risque d’habitude aux naufrages, aux morts qui se succèdent." Giusi Nicolini plaide donc pour une politique volontariste de l’Union européenne (UE) pour les réfugiés en Méditerranée : "ce n’est pas d’eux que nous avons à nous défendre, car ce ne sont pas eux qui posent les bombes".
"Ce n’est pas en construisant des murs qu’on va se défendre d’eux ni du terrorisme, mais c’est par une politique à long terme pour l’urgence", ajoute-t-elle. En novembre 2012 déjà, l'édile avait envoyé une lettre à l’UE, dans laquelle elle dénonçait "un sujet de honte et de déshonneur" pour les Etats membres.
Aylan "ressemblait à nos enfants". Selon Giusi Nicolini, la photo du petit Syrien Aylan Kurdi "a ému tout le monde parce que cet enfant, blanc, ressemblait trop finalement à nos enfants". "Mais ce qui devrait émouvoir, ce qui devrait déclencher un sens des responsabilités, ce sont les enfants vivants qui demandent notre aide." "Quand je les vois descendre des bateaux, quand j'entends leurs histoires, ils nous donnent une très grande leçon de courage, de force", a conclu celle qui rêve que la Méditerranée redevienne "autre chose qu’un cimetière".