Les services de renseignement extérieurs allemands, déjà ébranlés par plusieurs scandales d'écoute, ont espionné "pendant des années" plusieurs entreprises et administrations américaines, parmi lesquelles la Maison-Blanche, affirme jeudi l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.
Ministre des Finances, Nasa, Pentagone. Le Service fédéral d'information (BND), chargé des renseignements extérieurs, a espionné "entre 1998 et 2006 plusieurs "numéros de téléphone et de fax internes à la Maison Blanche", écrit dans sa dernière livraison Der Spiegel, citant des "documents" qu'il a pu consulter. Selon le magazine, le BND disposait d'une liste de "4.000 sélecteurs" (numéros de téléphone ou de fax, adresses électroniques) lui permettant de surveiller "des objectifs américains", parmi lesquels le ministère des Finances et le Secrétariat d'Etat. Les agents allemands avaient également placé sous surveillance des entreprises américaines comme Lockheed ainsi que la Nasa, l'ONG Human Rights Watch, plusieurs universités ou encore l'US Air Force, les Marines, la Defence Intelligence Agency au sein du Pentagone ou les renseignements militaires, poursuit Der Spiegel.
Plus d'une centaine d'ambassades étrangères basées à Washington, de même que le Fonds monétaire international (FMI) et le bureau américain de la Ligue arabe ont été également été espionnés par le BND, soutient l'hebdomadaire allemand.
Collaboration avec la NSA. Interrogé par Der Spiegel, le BND n'a pas souhaité faire de commentaires. Les renseignements extérieurs allemands ont été à plusieurs reprises au cœur de scandales d'écoute. En mars 2015, des révélations avaient ainsi mis au jour la collaboration entre le BND et son équivalent américain, la NSA, pour qui les Allemands espionnaient plusieurs cibles dans des pays alliés, en particulier des responsables du ministère français des Affaires étrangères, de la présidence française ou de la Commission européenne.
"Espionnage entre amis". Interrogée mi-février par la commission d'enquête parlementaire qui se penche sur cette coopération, la chancelière allemande Angela Merkel avait dit sa surprise : "je pensais que le BND n'avait pas ce genre de pratiques", avait-elle déclaré. A l'automne 2013, des informations sur la mise sur écoute d'un téléphone portable d'Angela Merkel par le renseignement américain avaient provoqué de fortes tensions entre Berlin et Washington. "L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout", avait alors déclaré la chancelière allemande. Suite à ces scandales, l'Allemagne a approuvé en juin 2016 une série de nouvelles mesures destinées à mieux encadrer les pratiques de ses renseignements extérieurs.