En Allemagne les sociaux-démocrates du SPD sont arrivés dimanche en tête des élections régionales du Mecklenbourg-Vorpommern avec environ 30% des voix. Surtout, le parti populiste de l’AfD s’est classé en deuxième position, avec 21% des suffrages, devant la CDU d’Angela Merkel. Un véritable revers pour la chancelière avec ce scrutin qui sonne pour de nombreux commentateurs comme le désaveu de sa politique migratoire et d’accueil des réfugiés.
Les "patriotes de l’AfD". Dans un tweet, la présidente du Front national, Marine Le Pen, s’est félicitée du score des "patriotes de l’AfD qui balaient le partie de Mme Merkel". "Ce qui était impossible hier est devenu possible", écrit-elle. "Ils ne balaient rien", lui répond Daniel Cohn-Bendit au micro d'Europe 1. "Les populistes voulaient être le premier parti, ils sont loin d’être le premier parti dans cette région".
La SPD perd plus de cinq points. "Il y a un quart des électeurs qui disent non aux réfugiés, mais 75% qui disent, d’une certaine manière, ‘on est d’accord avec cette politique’", a estimé Daniel Cohn-Bendit. L’ancien eurodéputé tient néanmoins a souligner que "tous les partis politiques représentés au Bundestag et qui défendent la main tendue ont laissé des plumes dans ce scrutin", y compris la SPD qui perd plus de cinq points par rapport au vote de 2011.
"Une peur imaginaire." Pour Daniel Cohn-Bendit, ce sont les "angoisses" et les "incertitudes" liées à la mondialisation et à la crise migratoire qui expliquent le score des populistes. "Dans cette région du nord de l’Allemagne, il y a 1,9 millions d’habitants, et il n’y a que 23.000 réfugiés. C’est une peur imaginaire et c’est très difficile de lutter contre ça."
"Différentes parties du peuple". Surtout, l’ancien leader soixante-huitard met en garde contre les raccourcis et les généralisations ; pour lui, les résultats de cette élection ne doivent pas être interprétés comme le reflet d’un ressentiment généralisé des Européens. "À un an des élections, Madame Merkel a perdu la partie. Mais il faut faire attention lorsque l’on dit 'les peuples', parce c’est peut-être une entité qui n’existe pas. Il y a différentes parties du peuple", avertit-il. "Oui, il y a une angoisse profonde dans une partie de la population allemande, et bien l’on va voir si les partis politiques sont capables de répondre à cette angoisse […], sinon le jeu politique en Allemagne sera complètement bouleversé", conclut Dany.