Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fermement dénoncé, ce vendredi, ce qu’il qualifie "d’ingérence flagrante" de l’Iran dans les affaires libanaises. Cette déclaration fait suite à des commentaires d’un responsable iranien, affirmant que Téhéran était prêt à négocier un cessez-le-feu au Liban, une situation qui a exacerbé les tensions déjà vives entre le Liban et Israël.
Une position inédite de Najib Mikati
Pour la première fois, Najib Mikati a adopté une posture critique envers l’Iran, malgré ses relations amicales avec le Hezbollah, un groupe pro-iranien qui occupe une place prépondérante au sein de son cabinet.
Le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, qui s'est rendu la semaine dernière à Beyrouth, a affirmé dans un article publié jeudi soir par le Figaro que Téhéran serait prêt à négocier avec Paris un cessez-le-feu au Liban. "Nous sommes surpris par cette position, qui constitue une ingérence flagrante dans les affaires libanaises, et une tentative d'établir une tutelle que nous rejetons sur le Liban", a réagit le Premier ministre Najib Mikati dans un communiqué.
Il a indiqué avoir demandé au ministre des Affaires étrangères de "convoquer le chargé d'affaires iranien" au Liban pour lui demander "des explications" sur ces propos.
L'ambassadeur d'Iran au Liban, Mojtaba Amani, avait été blessé à la mi-septembre dans l'explosion d'un bipeur, comme des centaines de membres du Hezbollah, une opération attribuée à Israël.
Cette déclaration intervient dans un climat de conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah, après un an d'échanges de tirs frontaliers. Israël a intensifié ses opérations militaires dans le sud du Liban depuis le 30 septembre, entraînant des pertes humaines significatives, avec plus de 1.400 personnes tuées et plus d'un million de déplacés depuis le 23 septembre.
La réponse de l'Iran
Lors de sa visite à Beyrouth le 12 octobre, Mohammad-Bagher Ghalibaf avait exprimé sa préoccupation face aux actions israéliennes, qualifiant celles-ci de "crimesc. Cependant, la proposition de négociation pour un cessez-le-feu a été perçue par Najib Mikati comme une tentative d’établir une tutelle iranienne sur le Liban, ce qu’il a rejeté fermement.
Najib Mikati a souligné que son gouvernement cherchait à collaborer avec des alliés, y compris la France, pour faire pression sur Israël en faveur d’un cessez-le-feu. Il a fait part de son intention de sensibiliser les dirigeants iraniens à la réalité de la situation libanaise, marquée par une agression israélienne jugée sans précédent.