Elle était le dernier otage français dans le monde. Au terme de cinq mois de négociations dans l'ombre, Isabelle Prime, 30 ans, retenue au Yémen depuis son enlèvement en février dernier, est libre et en sécurité après avoir été relâchée par ses ravisseurs dans la nuit de jeudi à vendredi. Son retour en France est attendu vendredi soir. Un soulagement pour les proches de la jeune femme, ainsi qu'un succès pour les services de renseignement français. Explications.
Pourquoi est-ce une victoire pour les "services" ? C'est un vrai succès car les négociations étaient menées dans des conditions particulièrement difficiles. Quand Isabelle Prime a été enlevée, le Yemen se trouvait en pleine guerre civile. Des milices chiites, les Houthis avaient renversé le pouvoir central, l'ambassade de France était fermée ainsi que la plupart des ambassades occidentales.
Il a fallu que les services de renseignement montent un système très particulier afin de pouvoir prendre contact avec les preneurs d'otage. Cela a mis plus de trois mois pour déterminer qui ils étaient puis trouver enfin les bonnes personnes à qui parler. Fin mai-début juin, les négociateurs ont eu le premier espoir que les choses allaient bien avancer, qu'il y avait une possibilité de sortir Isabelle Prime. Il a encore fallu trois mois supplémentaires pour conclure cet accord qui vient d'être scellé.
Le dernier otage français. La dernière libération d'un otage français remonte à celle de Serge Lazarevic en décembre 2014, alors que le quinquagénaire franco-serbe était détenu depuis trois ans par le groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali. Il était alors présenté comme le dernier otage français.
Isabelle Prime, arrivée en 2013 au Yémen, travaillait pour la société Ayala Consulting, dont le siège social se trouve en Floride, aux Etats-Unis, spécialisée dans la conception de programmes de protection sociale. Elle et son interprète yéménite, Chérine Makkaoui, avaient été enlevées le 24 février à Sanaa par des hommes armés déguisés en policiers alors qu'elles se rendaient en voiture à leur travail. Chérine Makkaoui avait déclaré avoir été libérée le 10 mars à Aden, dans le sud du Yémen. Aucune information n'a pour l'instant filtré sur l'identité de ses ravisseurs, dans un pays livré au chaos et à la guerre civile.