Les Libériens votent mardi avec sept semaines de retard sur le calendrier initial pour déterminer qui, de la légende du football George Weah ou du vice-président Joseph Boakai, succédera à Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d'Etat en Afrique. Un ancien joueur de football pourrait donc succéder au prix Nobel de la paix 2011.
2,1 millions d'électeurs inscrits. Initialement prévu le 7 novembre, le second tour avait été suspendu in extremis par la cour suprême à la suite de recours du candidat arrivé troisième au premier tour le 10 octobre, Charles Brumskine (9,6%), appuyé par Joseph Boakai (28,8%). George Weah, le ballon d'or de l'année 1995, a quant à lui viré en tête avec 38,4% des voix. Une ultime demande de report présentée par le parti de Joseph Boakai ayant été rejetée par la cour suprême, les bureaux de vote seront ouverts, le mardi 26 décembre, aux quelque 2,1 millions d'électeurs inscrits.
Déboutés deux fois par la cour suprême, les partisans du vice-président sortant "n'ont pas d'autre option que mener le combat sur le terrain politique", selon un militant du parti au pouvoir, Herbert Nagbe, reconnaissant que ces échecs judiciaires "en ont démoralisé certains". Dans son recours, Joseph Boakai affirmait que la Commission électorale nationale ne s'était pas conformée aux conditions posées par la cour suprême pour autoriser le second tour, en particulier la rectification des incohérences des listes électorales.
"Ne pas trop boire à Noël". De son côté, George Weah, qui craint que la date du scrutin favorise une démobilisation de son électorat à appelé à "ne pas trop boire à Noël" pour être en mesure d'aller voter tôt le mardi 26 décembre. Le nouveau président doit prendre ses fonctions le 22 janvier 2018. A 51 ans, George Weah, star du PSG et du Milan AC dans les années 1990, part favori face à Joseph Boakai, 73 ans, après être arrivé en tête au premier tour dans 11 provinces sur 15. Après deux échecs face au "ticket" présidentiel Sirleaf-Boakai, en 2005 et en 2011, il est élu sénateur de la province la plus peuplée du pays en 2014.
De son côté, Joseph Boakai a pour lui l'expérience politique, ministre de l'Agriculture de 1983 à 1985, il devient vice-président du Liberia en 2006. Le candidat a d'ailleurs mis en garde les jeunes contre "l'erreur" d'un vote pour George Weah : "Nous devons nous assurer que les jeunes seront formés et en mesure de transformer leur vie".
Un tournant dans l'histoire du Liberia. Quelque soit le nom du futur président, cette élection tournera une page dans l'Histoire du pays, car ni George Weah, ni Joseph Boakai, n'appartiennent à l'élite "américano-libérienne", issue d'esclaves affranchis qui a dominé la plus ancienne république d'Afrique depuis sa création, à l'exception de la présidence de Samuel Doe (1980-1990).
De plus, ce scrutin marquera la première transition démocratique depuis trois générations dans ce pays anglophone ravagé par une guerre civile ayant fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003 et entré en récession en 2016 sous l'effet de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest et de la chute des cours des matières premières.