Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé mercredi un "cessez-le-feu" en Libye afin d'éviter "une bataille sanglante" à Tripoli, après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité qui devrait adopter prochainement un texte poussant à l'arrêt des combats, selon des diplomates.
"Relancer un dialogue politique sérieux"
"Il est encore temps d'arrêter" les affrontements, "encore temps d'avoir un cessez-le-feu, d'éviter le pire", a déclaré à des médias le secrétaire général des Nations unies après deux heures et demie de discussions avec le Conseil. "Nous avons besoin de relancer un dialogue politique sérieux", a-t-il ajouté, en reconnaissant que son appel au maréchal Khalifa Haftar de ne pas entreprendre d'offensive sur la capitale, alors qu'il se trouvait en visite en Libye, "n'avait pas été entendu".
Selon des sources diplomatiques, le secrétaire général de l'ONU n'a pas éludé le fait que l'offensive sur Tripoli avait représenté "un camouflet" pour les Nations unies et lui-même. Avant la Libye, Antonio Guterres était passé par l'Egypte, soutien avec les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite de Khalifa Haftar. "Antonio Guterres était avec Fayez al-Sarraj (qui dirige à Tripoli le Gouvernement d'union nationale) quand ça a attaqué et le lendemain il voyait Haftar", rappelle un diplomate.
"Un enlisement des fronts"
Selon une autre source diplomatique, le secrétaire général, "transparent et honnête", a reconnu devant le Conseil de sécurité avoir été "pris par surprise". Sans citer de noms de pays, il a aussi clairement indiqué "avoir senti lors de sa rencontre avec Haftar que ce dernier avait eu un feu vert" de ses soutiens pour lancer son offensive. Le maréchal Haftar "a cru qu'il pouvait l'emporter rapidement mais c'est une erreur" et "la réalité du terrain évoquée par Antonio Guterres devant les 15 membres du Conseil est celle d'un enlisement des fronts", a-t-on précisé de source diplomatique.
Aujourd'hui, en dépit d'un embargo sur les armes de l'ONU largement ignoré, "chaque partie va demander à ses soutiens de l'armement" pour pouvoir dominer l'autre et donc "la priorité absolue est d'avoir un cessez-le-feu", a dit en substance, "alarmiste", le secrétaire général. Il a demandé en conséquence aux pays soutenant les belligérants de faire pression sur eux pour éviter une surenchère en armements qui alimenteraient la possibilité de combats urbains meurtriers, a précisé un diplomate.
Au cours de la discussion, un projet du Royaume-Uni a été évoqué pour faire adopter par le Conseil une "déclaration présidentielle" ou "une résolution" réclamant l'arrêt des combats, une relance du processus politique et réaffirmant un soutien clair à l'émissaire de l'ONU sur le terrain, Ghassan Salamé. "Personne ne s'est opposé" à l'adoption d'un nouveau texte qui pourrait être adopté dans les jours à venir, a rapporté un diplomate. Vendredi, le Conseil avait déjà appelé dans une déclaration à un arrêt de l'offensive du maréchal Haftar, mais en vain.