L'OMS demande d'urgence dix millions de doses de vaccins pour Covax

L'OMS demande d'urgence dix millions de doses de vaccins pour Covax © Christopher Black / World Health Organization / AFP
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avec AFP , modifié à

Le système international Covax, co-piloté par l'OMS et d'autres partenaires, "a immédiatement besoin de dix millions de doses" pour que vingt pays puissent commencer à vacciner un public prioritaire, a alerté le directeur général de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus. 

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé d'urgence 10 millions de doses de vaccins pour 20 pays qui en sont toujours privés, en plein regain des contaminations au coronavirus dans le monde. Le système international Covax, que l'OMS co-pilote avec d'autres partenaires, "a immédiatement besoin de dix millions de doses" pour que "ces vingt pays puissent commencer à vacciner leurs agents de santé et personnes âgées dans les deux prochaines semaines", a déclaré le directeur général de l'agence onusienne, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.

"Il y a beaucoup de pays qui peuvent se permettre de donner des doses en perturbant peu leurs propres plans de vaccination", a-t-il affirmé, reconnaissant qu'il s'agissait d'un "choix politique difficile". Et de prévenir: "Dix millions de doses, ce n'est pas beaucoup et c'est loin d'être suffisant, mais c'est un début. Nous aurons besoin de centaines de millions de doses supplémentaires dans les mois à venir".

36 pays attendent des vaccins

En début d'année, le patron de l'OMS avait lancé un défi mondial pour que la vaccination des soignants et des personnes âgées soit engagée dans tous les pays au cours des cent premiers jours de 2021. A ce jour, 177 pays et territoires ont pu lancer la vaccination, selon le directeur général de l'agence onusienne, notamment grâce à Covax qui a distribué depuis début mars plus de 32 millions de vaccins dans 61 pays.

"Il ne reste plus que 15 jours avant le 100ème jour de l'année, et 36 pays attendent toujours les vaccins pour pouvoir commencer à vacciner les agents de santé et les personnes âgées", a-t-il relevé. 

Sur ces 36 pays, seize devraient recevoir leurs premières doses dans les quinze prochains jours. Mais vingt autres pays "attendent" les vaccins. "Nous ne pouvons pas livrer des vaccins que nous n'avons pas", a relevé le directeur général de l'agence onusienne. 

"Comme vous le savez, les accords bilatéraux, les interdictions d'exportation, le nationalisme vaccinal et la diplomatie vaccinale ont provoqué des distorsions sur le marché, avec des inégalités flagrantes entre l'offre et la demande", a-t-il poursuivi.

Bruce Aylward, un conseiller du directeur général, a appelé les nombreux pays qui ont commandé des quantités de doses supérieures aux besoins de leur population à les partager, et a également appelé la communauté internationale à soutenir financière Covax. "Nous avons un besoin urgent de 2,3 milliards de dollars", a-t-il dit.

"Phase aigüe de la pandémie"

Le système international Covax vise à fournir cette année des doses à 20% de la population de près de 200 pays et territoires, et comporte un mécanisme de financement visant à aider 92 pays défavorisés.

Quelque 237 millions de doses Astrazeneca-Oxford, fabriquées en Corée du Sud et par le Serum Institute of India (SII), devaient être acheminées avant fin mai dans 142 pays, via le système Covax. Mais la livraison des vaccins a pris du retard car l'Inde, qui fait face à une demande locale accrue de vaccins, n'a pas concédé de licences d'exportation pour les doses qui devaient être expédiées par le SII en mars et avril.

"Il ne s'agit pas d'une interdiction d'exportation", a assuré le directeur général de l'agence onusienne. "Le nombre de cas en Inde est en augmentation. Ils ont donc besoin de plus de vaccins à utiliser localement pour lutter contre le nombre croissant de cas, ce qui est compréhensible", a-t-il dit. Mais il a assuré que l'OMS était en discussion avec les autorités indiennes pour qu'une "solution équilibrée" soit trouvée, afin de satisfaire les besoins nationaux indiens et le demande internationale liée à Covax.

Les inquiétudes de l'OMS sont d'autant plus vives que la contagion s'est encore accélérée cette semaine dans presque toutes les régions du monde, même si les nouvelles contaminations hebdomadaires elles restent beaucoup moins nombreuses qu'en début d'année. Les nouveaux cas progressent depuis plus d'un mois, après une chute inédite d'un en début d'année, qui avait vu les contaminations se réduire de moitié, selon le bilan établi par l'AFP.

"Nous n'en avons pas fini avec la pandémie. Nous sommes toujours dans la phase aigüe de la pandémie", a insisté Maria Van Kerkhove, la responsable technique à l'OMS de la lutte contre le Covid-19.