L'ONG du militant bélarusse Vitali Chychov, retrouvé pendu à Kiev, a dénoncé mardi une "opération planifiée" par le régime du président Alexandre Loukachenko afin de "liquider" une personne qui aidait ceux qui fuyaient la répression au Bélarus. "Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une opération planifiée des tchékistes (terme désignant les forces de sécurité, ndlr) pour liquider (une personne) véritablement dangereuse pour le régime bélarusse", a indiqué l'organisation "Maison bélarusse en Ukraine" sur Telegram.
"Vitali était surveillé et la police (ukrainienne) en avait été notifiée. Nous avions été avertis à plusieurs reprises à la fois par des sources locales et par des personnes au Bélarus de (la possibilité de) toutes sortes de provocations allant jusqu'à l'enlèvement et à la liquidation", a poursuivi l'ONG.
Retrouvé pendu
Selon elle, Vitali Chychov, 26 ans, avait été contraint de déménager en Ukraine à l'automne 2020 après avoir participé en août à des manifestations anti-gouvernementales à Gomel, dans le sud du Bélarus et s'être "opposé activement" aux autorités. Il était le directeur en Ukraine de l'organisation "Maison bélarusse", qui fournit un soutien aux personnes ayant fui la répression au Bélarus.
Porté disparu après être sorti pour faire un jogging lundi, Vitali Chychov a été retrouvé pendu dans un parc de Kiev, non loin de là où il habitait, selon la police ukrainienne, qui a ouvert une enquête pour "meurtre" et dit examiner toutes les pistes. L'une des versions étudiées est celle d'un "meurtre camouflé en suicide", a ajouté la police.
L'exode des opposants au régime
Le mouvement de contestation post-électorale historique qui a secoué le Bélarus en 2020 a été maté à coup d'arrestation massives, d'exils forcés d'opposants, ainsi que par la liquidation de nombreuses ONG et de médias indépendants. De nombreux Bélarusses ont fui leur pays, souvent pour l'Ukraine, la Pologne et la Lituanie, sur fond d'une répression féroce de toute contestation dans leur pays, une ex-république soviétique nichée entre la Russie et l'UE et dirigée d'une main de fer depuis 1994 par le président Alexandre Loukachenko.
Son régime est aussi accusé d'avoir détourné en mai un vol commercial en prétextant une alerte à la bombe pour arrêter le dissident Roman Protassevitch à bord. L'affaire de Vitali Chychov intervient au lendemain de l'incident avec la sprinteuse bélarusse Krystsina Tsimanouskaya qui a déclaré être contrainte à se retirer des Jeux olympiques de Tokyo et menacée d'un rapatriement forcé pour avoir critiqué sa fédération sur les réseaux sociaux.