Les pays de l'ONU, à l'exception des États-Unis, lancent mardi une négociation de longue haleine pour aboutir à la signature en décembre au Maroc d'un Pacte mondial non contraignant sur les migrations, un sujet considéré comme un défi majeur pour la planète.
"Accroître la coopération sur les migrations internationales". Six rounds de négociations à New York, un par mois, sont prévus jusqu'en juillet. L'objectif est d'aboutir à un accord qui sera ensuite formellement entériné les 10 et 11 décembre lors d'un sommet au Maroc, selon des diplomates. L'objectif est d'"accroître la coopération sur les migrations internationales dans toutes leurs dimensions", souligne le projet de texte de 25 pages de cet "Accord mondial pour des migrations sécurisées, ordonnées et légitimes".
S'unir plutôt que se diviser. Le projet, qui n'est pas sans rappeler l'Accord de Paris sur le climat, préserve "la souveraineté des États" tout en reconnaissant "qu'aucune nation ne peut affronter seule le phénomène migratoire". "Il est crucial que la migration internationale nous unisse plutôt qu'elle nous divise", insiste aussi le projet de texte.
Un pacte sans les États-Unis. Les États-Unis, qui ont des relations très tendues notamment avec le Mexique voisin sur cette question migratoire, ont annoncé fin 2017 se retirer de l'élaboration de ce Pacte en raison de dispositions contraires à la nouvelle politique d'immigration du président Donald Trump. "La porte reste ouverte", souligne-t-on de sources diplomatiques, assurant que l'absence américaine ne constitue pas un obstacle à l'obtention d'un accord.
22 mesures concrètes. Le projet d'accord parle de "compréhension mutuelle" du phénomène migratoire et de la nécessité qu'il suscite des "responsabilités partagées" et "une unité de vues". Le texte détaille 22 mesures concrètes comme collecter des données, fournir des papiers d'identité aux migrants qui en sont dépourvus, accorder un soin particulier aux femmes et aux enfants, fournir aux migrants un accès aux services sociaux ou empêcher toute discrimination.
Se préparer aux migrations climatiques. Dans un rapport en lien avec ce projet de Pacte et rendu public début janvier, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a souligné que les États membres de l'ONU devaient se préparer à gérer de larges mouvements de migrants. Au-delà des mouvements de population provoqués par des conflits, plusieurs experts estiment que d'autres migrations massives vont être provoquées par le réchauffement de la planète.
Donner une image "positive" des migrations. Le secrétaire général a aussi appelé à développer auprès des populations dans le monde une perception "positive" des migrations afin de lutter contre la xénophobie et les discriminations. "Les migrations doivent être un acte d'espoir et non de désespoir", a-t-il souligné devant l'Assemblée générale de l'ONU. Le nombre de migrants dans le monde est estimé à 258 millions, soit 3,4% de la population mondiale.