L'Otan veut ancrer son soutien à l'Ukraine dans la durée avec au moins 40 milliards d'euros par an

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L'Otan cherche à ancrer dans la durée son soutien militaire à l'Ukraine en guerre contre la Russie, à un niveau minimum de 40 milliards d'euros par an. Une aide que l'Alliance cherche à apporter "aussi longtemps que nécessaire". "99% de l'aide militaire à l'Ukraine vient des pays de l'Otan", explique son secrétaire. 

L'Otan, réunie vendredi à Prague, cherche à ancrer dans la durée son soutien militaire à l'Ukraine en guerre contre la Russie, à un niveau minimum de 40 milliards d'euros par an, "aussi longtemps que nécessaire". Son secrétaire général Jens Stoltenberg a déclaré vendredi devant la presse avoir fait cette proposition à l'occasion d'une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'Alliance.

"Depuis l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, les Alliés ont fourni approximativement 40 milliards d'euros par an en aide militaire à l'Ukraine. Nous devons maintenir au minimum ce niveau de soutien chaque année, aussi longtemps que nécessaire", a souligné Jens Stoltenberg devant la presse, à l'issue de cette rencontre. S'agissant d'une réunion informelle, aucune décision n'a été prise mais "nous avons fait des progrès significatifs" dans plusieurs domaines", a-t-il précisé.

L'Otan veut aussi reprendre la main sur la coordination de son aide militaire à l'Ukraine, celle-ci étant jusqu'à présent assurée par les États-Unis. Après le début de l'assaut russe, le 24 février 2022, l'Alliance atlantique a d'abord cherché à éviter tout engagement direct dans la guerre livrée par Kiev contre la Russie et préféré laisser Washington jouer ce rôle de coordinateur.

"Il est donc sensé que l'Otan joue un plus grand rôle"

Mais, a remarqué vendredi Jens Stoltenberg, "99% de l'aide militaire à l'Ukraine vient des pays de l'Otan. Il est donc sensé que l'Otan joue un plus grand rôle", a-t-il expliqué. Or, la Turquie refuse que l'Otan "participe" à la guerre en Ukraine, a affirmé vendredi le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, à l'issue d'une réunion informelle des chefs de la diplomatie de l'Alliance à Prague.

"Nous soutenons la poursuite de l'aide à l'Ukraine et la capacité de l'Ukraine à assurer la dissuasion, mais nous ne voulons pas que l'Otan participe à cette guerre", a affirmé le chef de la diplomatie turque. Pour Ankara, "soutenir l'Ukraine pour garantir son intégrité territoriale et libérer ses territoires est une chose. Mais l'implication de l'Otan dans la guerre en est une autre", a ajouté Hakan Fidan. La Turquie, l'État membre le plus oriental de l'Alliance atlantique et voisine, sur la rive sud de la mer Noire, des deux pays en guerre depuis février 2022, est parvenue à maintenir des liens avec les deux capitales, Moscou et Kiev, depuis le début du conflit.

 

Le secrétaire général de l'Alliance a par ailleurs relativisé tout risque d'escalade avec la Russie, après la décision des États-Unis de laisser les Ukrainiens frapper, à certaines conditions, le sol russe, près de la région de Kharkiv, avec les armes qu'ils leur fournissent. "Il n'y a rien de nouveau (...). Cela fait partie des efforts du président (russe Vladimir) Poutine pour empêcher les membres de l'Otan de soutenir l'Ukraine", a-t-il dit. Les États-Unis vont continuer à "adapter" leur soutien militaire à l'Ukraine, a assuré vendredi à Praque le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Le Kremlin a accusé jeudi l'Alliance atlantique de "provoquer" l'Ukraine pour prolonger "une guerre insensée" après un avertissement adressé mardi aux alliés de Kiev par le président russe sur de "graves conséquences" s'ils devaient donner leur accord à l'utilisation de leurs armes contre le territoire russe. Ce transfert de coordination vers l'Otan est aussi censé garantir la continuité de cette aide militaire dans le cas d'un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Plusieurs pays de cette organisation redoutent en effet qu'il ne cherche à y mettre un terme, s'il devait être élu en novembre.

Les États-Unis sont le premier soutien militaire de l'Ukraine face à l'invasion russe et ont déjà engagé un peu plus de 50 milliards de dollars depuis le début de la guerre en février 2022, selon un point fait le 10 mai par le Pentagone. Jens Stoltenberg propose de pérenniser l'aide actuelle à l'Ukraine, à un niveau minimum, suggérant également aux membres de l'Otan de "partager le fardeau de manière équitable".