Svetlana Tikhanovskaïa : "Loukachenko ne contrôle plus le peuple, nous n’avons plus peur"

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Ariel Guez , modifié à

Invitée exceptionnelle de la matinale d’Europe 1, jeudi, Svetlana Tikhanovskaïa, première opposante au président Loukachenko en Biélorussie, est revenue sur les mouvements de protestations qui rythment son pays depuis le début du mois d'août. En exil en Lituanie, elle appelle, dans sa toute première interview radio, le peuple à ne pas abandonner la lutte : "Je suis sûre que ces manifestations nous mèneront à la victoire".

Le mouvement de protestation contre Alexandre Loukachenko est entré dans sa troisième semaine lundi et ne faiblit toujours pas. Déstabilisé, le président biélorusse s'est affiché dans les rues de Minsk, la capitale, un fusil d'assaut à la main, narguant et menaçant les opposants. "Je pense qu’il est stressé", a réagi jeudi sur Europe 1 Svetlana Tikhanovskaïa, la première opposante à Alexandre Loukachenko. Invitée exceptionnelle de la matinale de Mathieu Belliard, celle qui a dû s'exiler en Lituanie affirme que le président "ne contrôle plus le peuple : nous n’avons plus peur".

Selon elle, ces images "ont fait rire les Biélorusses, parce qu'Alexandre Loukachenko ne sait plus quoi faire. Il a compris qu'il a perdu le contrôle sur le peuple et que les Biélorusses en ont marre de son pouvoir."

"Notre peuple s’est réveillé", s'est réjouie Svetlana Tikhanovskaïa. "La nouvelle génération a beaucoup voyagé et a compris que la vie pouvait être différente", explique-t-elle au micro d'Europe 1. "Ils ont vu que les autres peuples avaient des droits fondamentaux. Il est grand temps que nous nous battions aussi pour nos droits". 

La vie de "Svet", comme la surnomment ses soutiens, a basculé lorsque son mari, blogueur, a été arrêté fin mai. Loukachenko n'avait pas apprécié que Sergueï Tikhanovski le traite de "cafard". Svetlana Tikhanovskaïa réclamait sa libération et s'est présentée "par amour" à la présidence. La candidate a séduit immédiatement au sein de la société bélarusse de par son profil atypique.

Entendu sur europe1 :
Il est grand temps que nous nous battions aussi pour nos droits

"Je veux dire aux Biélorusses que je suis très fière d’eux", dit Svetlana Tikhanovskaïa et leur "demande de ne pas abandonner, parce que je suis sûre que ces manifestations nous mèneront à la victoire". Pour les prochaines manifestations, elle appelle la police à soutenir les manifestants. "On vit tous dans la peur depuis plus de 20 ans. Je comprends que ce soit dur pour tout le monde de surmonter cette peur, de se battre pour ses droits. Cela vaut aussi pour la police", explique-t-elle. "Mais ils doivent comprendre qu'ils doivent choisir s'ils se tiennent du côté de la majorité qui veut du changement ou bien s’ils suivent une seule personne." 

Entendu sur europe1 :
"Personne ne doit interférer directement" dans la gestion de la crise

Svetlana Tikhanovskaïa dit vouloir être une "présidente de transition" afin que de nouvelles élections puissent être organisées, de manière transparente, "pour que notre peuple puisse choisir un président pour notre pays". Interrogée sur l'attitude des puissances étrangères vis-à-vis de la crise biélorusse, l'opposante à Loukachenko explique qu'elle est "en contact avec les leaders de nombreux pays". "Mais cela reste notre affaire interne et personne ne doit interférer directement dans ce processus", prévient-elle.