Après la riposte de Donald Trump en Syrie, le monde occidental a majoritairement salué, ou du moins compris, la frappe américaine. Invité samedi dans Médiapolis, le philosophe Luc Ferry, ancien ministre de l'Education, s'est vivement opposé à cette réaction positive. Il désapprouve l'action unilatérale du président des Etats-Unis et considère que vouloir désarçonner Assad est une erreur, jugeant Daech pire que le régime syrien.
"Sans vision concerté, sans cadre légal". Le philosophe fustige l'initiative du président des Etats-Unis. "Une action totalement unilatérale, sans vision concertée avec les autres, sans cadre légal pour intervenir. C'est extrêmement dangereux. Donald Trump se prend vraiment pour le maître du monde. Il se fout des autres comme de l'an 40, quel que soit le jugement que l'on porte sur cette ignominie qu'a été cette attaque chimique."
Bachar menace son peuple, Al Quaïda menace le monde". En plus de condamner l'action spécifique de Trump, Luc Ferry s'emporte contre l'idée de vouloir faire tomber Bachar al-Assad, une vision qu'il considère de courte vue. "Au début (de la crise syrienne entre le régime et les rebelles, ndlr), il y avait une résistance à Bachar qui était soutenable, qu'on pouvait légitimer. Aujourd'hui, ce qu'il y a en face de Bachar est probablement pire que Bachar. Bachar menace son peuple, Al Qaïda menace le monde."
"Je suis du côté de Poutine". Lui qui avait soutenu, via une pétition, la résistance face au régime syrien il y a trois ans, conclut dans les circonstances actuelles qu'il faut soutenir Assad. "Je suis du côté de Poutine. C'est difficile à dire aujourd'hui. Je pense que Poutine nous rend un grand service dans la lutte contre Daech et comme je pense qu'il n'y a pas de victoire possible contre Daech sans intervention au sol, que les armées occidentales, sauf peut-être l'armée américaine, sont totalement incapables d'intervenir au sol dans ce conflit, je pense que l'armée de Bachar et l'armée de Poutine nous rendent un grand service."