Les États membres de l'UE se sont accordés mardi sur une définition des perturbateurs endocriniens, une étape décisive pour pouvoir bannir ces substances chimiques qui présentent un danger pour la santé et l'environnement, a annoncé la Commission européenne. "Une fois appliqué, le texte assurera que toute substance active utilisée dans les pesticides identifiée comme perturbateur endocrinien pour les personnes ou les animaux pourra être évaluée et retirée du marché", a expliqué le commissaire européen à la Santé et à la Sécurité alimentaire Vytenis Andriukaitis.
Des substances présentes dans les cosmétiques et les jouets. L'absence d'une définition claire entravait la réglementation de ces substances susceptibles d'agir sur le système hormonal et d'être à l'origine de dysfonctionnements comme l'obésité ou l'infertilité, de malformations congénitales ou de retard de développement. Outre les pesticides, les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans de nombreux produits de la vie courante, les cosmétiques ou les jouets par exemple.
Un texte voté un an après la préparation du texte. Ces critères de définition ont fait l'objet d'un véritable feuilleton à Bruxelles, finalement votés trois ans après la date initialement attendue, et un an après la proposition de texte préparée par la Commission européenne et immédiatement critiquée par les défenseurs de l'environnement, mais aussi des pays membres comme la France. Ils portent sur leur utilisation dans des pesticides et doivent entrer en vigueur à l'issue d'une période de transition de 6 mois au cours de laquelle l'Agence européenne de la sécurité des aliments et l'Agence européenne des produits chimiques établiront un guide pour l'application des critères.
Trois mois d'examen avant l'adoption finale. Le texte a été adopté au sein d'un comité technique composé de représentants des États membres et chapeauté par la Commission. Le conseil, qui regroupe les 28 États membres, et le Parlement européen ont maintenant trois mois pour l'examiner avant son adoption finale. Selon la Commission, les critères ainsi définis permettent d'identifier les perturbateurs endocriniens "avérés et présumés", et "précisent que l'identification (de ces substances) devra être faite en tenant compte de toutes les preuves scientifiques pertinentes, dont les études sur les animaux, in vitro ou in silico (basées sur des modèles informatiques, ndlr), et en utilisant une approche basée sur les preuves".
Une "brèche" est ouverte, se félicite la France
Le texte voté mardi à Bruxelles pour définir les perturbateurs endocriniens est "une brèche" ouverte dans la lutte contre ces substances nocives, s'est félicité le ministre français de la Transition écologique Nicolas Hulot, même si ce texte n'est "pas parfait". "On a gagné une bataille mais pas la guerre", a-t-il ajouté. En revanche, "ce sur quoi on n'a pas gagné", c'est la suppression d'exemptions sur certains pesticides, en l'occurrence ceux conçus comme des perturbateurs endocriniens, ajoute Nicolas Hulot.