Il est optimiste. Lula, fondateur du parti travailliste (PT), président du Brésil de 2003 à 2010 et parrain politique de Dilma Rousseff qui lui a succédé, se dit optimiste quant à l'issue de la procédure en destitution. Cette dernière a été suspendue provisoirement de ses fonctions de présidente, le 12 mai par le Sénat, dans l'attente de son jugement pour maquillage présumé des comptes publics en 2014, année de sa réélection, et début 2015. Mais pour l’ancien dirigeant, elle pourrait tout à fait revenir au pouvoir.
Le "golpe" du parlement. Interrogé par le quotidien Libération, sur Michel Temer, vice-président, devenu président par intérim, Luiz Inacio Lula da Silva estime d’abord que "c’est le Parlement qui a franchi le premier pas du golpe (coup d’Etat, NDLR) en jugeant recevable la plainte contre Dilma".
"Il est alors clairement apparu qu’il s’agissait d’un jugement purement politique car la victime n’a pas commis de 'crime de responsabilité', nécessaire pour déclencher une procédure de destitution", a ajouté l’ancien dirigeant brésilien. C’est seulement une fois que le Parlement s’est prononcé pour la poursuite de la présidente en place que Michel Temer est entré en jeu, selon Lula.
C’est comme si vous me prêtiez votre maison pour les vacances et qu’à votre retour, je l’avais vendue.
Pour l’ancien président, Michel Temer a déjà enterré Dilma Rousseff. "Il agit comme si la procédure d’impeachment était déjà achevée, limogeant depuis le ministre des Finances jusqu’au garçon qui servait le café. C’est comme si vous me prêtiez votre maison pour les vacances et qu’à votre retour, je l’avais vendue". Une stratégie que pourrait finir par regretter Michel Temer. "Beaucoup de choses peuvent encore arriver… ", prévient Lula, lui-même mis en cause dans une affaire de corruption.
Car pour le fondateur du parti travailliste, rien n’est impossible, y compris un retour de Dilma Rousseff au pouvoir. "La procédure permet son retour. Dilma dépend de seulement six voix [pour échapper à l’impeachment]. Il n’est pas difficile de les trouver", assure-t-il dans les colonnes de Libération. Le vote final de la procédure aura lieu entre les 25 et 27 août, peu après la clôture des Jeux olympiques de Rio le 21 août. Au moins 54 voix seront nécessaires (deux tiers des sénateurs) pour écarter définitivement Dilma Rousseff, sinon elle pourra reprendre ses fonctions.
L'obtention des JO : "un des jours les plus importants de ma vie". Interrogé sur les Jeux Olympiques de Rio, qui débuteront le 5 août prochain, Luiz Inacio Lula da Silva a défendu son bilan et son rôle dans la désignation de sa ville. "J’ai moi-même tenu à parler personnellement à de nombreux dirigeants étrangers, surtout latino-américains, asiatiques et africains pour leur demander de voter Rio", assure-t-il.
"La victoire de Rio a été émouvante, inédite. Ce fut l’un des jours les plus importants de ma vie. J’ai vu la scène à Copacabana, le peuple qui pleurait de joie. C’était extraordinaire", confie l’ancien dirigeant.
Candidat en 2018 ? A 70 ans, Lula n’exclut pas de revenir en politique, notamment à l’occasion de l’élection présidentielle qui se tiendra en 2018. "On verra. J’ai 70 ans. L’âge est implacable. Je dois voir dans quel état je serai", dit-il, avant d’ajouter : "D’ici là, j’espère que des jeunes espoirs de la politique émergeront".