Avec la reprise de Palmyre, en Syrie, et la mort d’Abdel Rahmane Al-Qadouli, numéro 2 de l’Etat islamique (EI), le groupe djihadiste a enregistré de sérieux revers ces dernières semaines. "Daesh est en perte de vitesse", a confirmé Gérard Chaliand, géopoliticien et spécialiste du terrorisme, interrogé vendredi soir au Club de la presse d’Europe 1. Mais l’ancien enseignant à l’Ecole de guerre réfute la possibilité d’une défaite militaire rapide de l’EI. "En Irak, cela va être infiniment plus compliqué", a analysé l’auteur de "Pourquoi perd-on la guerre ? - un nouvel art occidental" (éd. Odile Jacob).
Mossoul, "une autre paire de manche par rapport à Palmyre". Si, pour le géopoliticien, l’Etat islamique n’est pas très puissant en Syrie, il est en revanche fortement implanté en Irak, où il contrôle près de 6 millions d’habitants. "Une population sunnite a des sympathies pour Daesh. Des gens sont terrorisés, oui, mais il y a aussi des gens qui sont pour", a expliqué Gérard Chaliand. Principale difficulté pour la coalition occidentale : reprendre la ville de Mossoul, au nord de l’Irak. "Mossoul, qui est une ville de un million d’habitants, est une autre paire de manche par rapport à Palmyre. On ne peut pas bombarder une ville, sinon on provoquera un massacre", poursuit Gérard Chaliand.
"Il faut y aller au sol". "Il faut y aller au sol. Donc il va falloir approcher, mais qui ? Les Kurdes, qui ne sont pas arabes ? Ils n’en ont pas envie. Libérer des sunnites avec des chiites, qui ont brimé les gens de Mossoul pendant des années, c’est un peu comme envoyer des troupes russes pour libérer des Polonais. Ce n’est pas facile", a conclu le géopoliticien. A l’heure actuelle, aucune intervention armée au sol n’est envisagée par la coalition occidentale.