François Hollande est attendu lundi matin sur plusieurs questions-clés lors de sa sixième grande conférence de presse. Parmi les sujets forts, la question d'élargir à la Syrie les frappes aériennes françaises contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI), jusque-là limitées à l'Irak. Quelques voix s'élèvent dans l'opposition. Bruno Le Maire se prononçait lundi matin au micro d'Europe 1 pour l'envoi par la France de troupes au sol. Est-ce une option envisagée par la coalition ? Eléments de réponse avec le journaliste d'Europe 1 Didier François, spécialiste des questions de Défense.
Le passif irakien calme les ardeurs américaines. "C'est une solution qui n'est absolument envisagée par les pays de la coalition. Elle est même totalement exclue. Et pour cause : les Etats-Unis, qui dirigent la coalition, ont payé extrêmement cher l'erreur de leur intervention de 2003 en Irak. Les Américains ne sont ainsi pas prêts à recommencer la même erreur. C'est donc une véritable ligne rouge, plus politique que militaire. Sur ce plan, l'armée américaine est capable d'envahir la Syrie sans grande difficulté. On se rappelle qu'à l'époque, ils étaient entrés en Irak comme dans du beurre. Mais les problèmes avaient commencé après, avec la fameuse révolte des tribus sunnites. Un conflit qui n'est d'ailleurs toujours pas réglé car ce sont ces tribus qui fournissent aujourd'hui les gros bataillons du groupe djihadiste Etat Islamique".
Le dilemme d'un éventuel après Bachar. "La problématique pour la coalition aujourd'hui en Syrie est donc bien politique. Que ferait-on après une telle intervention ? Faudrait-il se contenter d'occuper le nord du pays ou bien pousser jusqu'à Damas et faire tomber le régime de Bachar ? Qui le remplacerait ? Pour l'instant, la coalition n'a aucun allié fiable sur place, la situation serait celle d'un chaos le plus total. C'est inenvisageable. Le choix stratégique de la coalition est d'utilisé principalement des frappes aériennes, quelques opérations spéciales et d'encadrer et former des armées et des milices locales qui à terme pourront vaincre Daesh et contrôler le pays. L'EI ne progresse plus depuis le mois d'octobre 2014, les djihadistes ont stabilisé leurs lignes et ont été arrêtés par les frappes aériennes.
Ailleurs, les autres pays de la coalition ne se posent pas la question : ils ne sont pas encore entrés en campagne électorale. Ils ont encore des débats rationnels".