La brouille diplomatique entre la France et le Maroc est en passe d’être réglée. Emmanuel Macron poursuit sa visite d’État à Rabat, ce mardi, en présence du Roi Mohamed VI. C’était une des conditions de ce rapprochement, le président français s’est aligné sur la position marocaine quant à la question du Sahara Occidental, ces 266.000 km2 désertiques considérés comme "un territoire non autonome" par l’ONU, mais dont le Royaume Chérifien revendique une souveraineté pleine et entière.
L’intérêt pour la France est bel et bien sécuritaire, avant même une posture idéologique ou historique. Car en jugeant que le plan d’autonomie du Maroc est la "seule base" pour régler le conflit, la France adoube ainsi le Royaume dans sa lutte contre le Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par Alger, dont la proximité avec les groupes terroristes de la région est documentée depuis près de 20 ans par les services de sécurité marocain.
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Une centaine de membres du Polisario ont rejoint AQMI
Dans une note qu’Europe 1 s’est procurée, ils estiment que les jeunes indépendantistes des camps de Tindouf sont devenus des "proies faciles" pour les groupes terroristes. Car certains y ont déjà reçu une formation militaire. D’autres, écrivent les services marocains, "s’acheminent vers une dérive extrémiste face à un avenir incertain".
Selon le renseignement marocain, plus d’une centaine de membres du Front Polisario ont rejoint les rangs d’Al-Qaïda au maghreb islamique (AQMI) et plusieurs dizaines d’autres la filiale de Daech en Libye.
Les camps de Tindouf, un "lieu de repli" pour les djihadistes
À l’appui dans ce document, une dizaine de photos de djihadistes, tous passés entre les mains du mouvement indépendantiste. Dont sans doute le plus connu d’entre eux, Abou Walid al-Sahraoui, ancien affidé du Polisario dans les années 90, devenu le chef de l’État islamique dans le Grand Sahara. C’est lui qui, entre autres, avait revendiqué l’attaque d’Arlit en 2013 sur un site d’exploitation d’uranium du groupe français Areva. L’armée française l’a neutralisé il y a trois ans grâce à une frappe d’un drone Reaper.
La lutte antiterroriste dans le désert a eu comme conséquence, selon les services marocains, de transformer la zone des camps de Tindouf en "un lieu de repli" pour les djihadistes. Cette configuration et ces connexions inquiètent Rabat qui active régulièrement ses relais diplomatiques pour faire inscrire le Front Polisario sur la liste des organisations terroristes. De son côté, Alger reproche régulièrement à Rabat d’utiliser la menace terroriste pour affaiblir et discréditer le Front Polisario.