Emmanuel Macron et Vladimir Poutine 3:05
  • Copié
Les présidents français Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine se sont entretenus ce matin par téléphone au sujet des moyens pour éviter un conflit majeur en Europe, au moment où les Occidentaux craignent plus que jamais une invasion russe en Ukraine. Ce coup de fil a-t-il fait évoluer la situation ? Suffira-t-il pour stopper une guerre qui paraît chaque jour de plus en plus évidente ? 
DÉCRYPTAGE

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont entamé les discussions par visioconférence à 11h. Emmanuel Macron, qui s'est rendu à cet entretien avec une conviction forte : prendre tous les risques pour éviter un conflit majeur, une guerre au cœur de l'Europe. Comme il le disait hier, le président de la République n'est plus dans l'esprit de la désescalade, mais plutôt d'une sortie de crise. Il sait que cette réunion était un dernier effort au lendemain de son appel avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il va dans ce sens donner de nouvelles échéances à Vladimir Poutine.

1.500 violations de cessez-le-feu

Emmanuel Macron veut créer de nouvelles occasions et donner des termes de référence pour sauver la paix. Car depuis le début, les différentes promesses du président russe n'ont pas été tenues, notamment celle de retirer progressivement une partie des troupes massées à la frontière de l'Ukraine, qui devait d'ailleurs débuter aujourd'hui. Emmanuel Macron espère aussi avoir des garanties de sécurité, alors que 1.500 violations de cessez-le-feu ont été recensées hier à la frontière ukrainienne. Même s'il le sait, il y a très peu de chances d'aboutir à un compromis, surtout en si peu de temps. C'est pour cela que le président français envisagerait, selon les conclusions des négociations aujourd'hui, de se déplacer à Moscou par la suite.

Un déplacement nécessaire car les tensions ne cessent de monter. Ce midi, la Biélorussie a annoncé poursuivre les exercices militaires avec la Russie à la frontière ukrainienne. 

Cette annonce a été faite quelques heures seulement après que les Occidentaux ont manifesté un signe d'agacement. "Nous ne pouvons pas éternellement offrir un rameau d'olivier à la Russie", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, alors qu'un triste record vient d'être marqué. Les observateurs internationaux ont recensé pour la seule journée de vendredi près de 1.500 violations de la trêve. Cette trêve est censée être en vigueur depuis 2015 sur la ligne de front qui sépare l'armée ukrainienne et les républiques autoproclamées du Donbass, soutenues par Moscou.

Un conflit "irréaliste"

C'est la raison pour laquelle la France s'est résolue hier, plusieurs semaines après les Etats-Unis et le Royaume-Uni, à rappeler ses ressortissants. La France recommande de quitter l'Ukraine sans délai pour ceux qui sont le plus à l'Est. Et pourtant, tous les Français avec qui Europe 1 a été en contact sont sereins pour le moment. Beaucoup se refusent à abandonner leur pays d'adoption. C'est le cas de Dominique, qui coule une retraite paisible depuis cinq ans au sud de Kiev. Il ne peut s'imaginer que ce conflit, qui rythme la vie ukrainienne depuis huit ans, dégénère.

"Je ne me vois pas partir d'ici. Pour l'instant, je n'ai pas pensé à la peur, non. Tous les gens que je connais ici, moi, ils ont de la famille en Russie. Il y a une voisine qui est russe, l'autre qui a ses enfants qui sont dans l'armée russe. Pour moi, ce conflit me paraît irréaliste", confie-t-il sur Europe 1. 

"Je ne sais pas ce que le président russe veut", déclarait hier Volodymyr Zelensky. Pour le moment, la proposition du président ukrainien de rencontrer Vladimir Poutine est restée sans réponse.