Emmanuel Macron s'était montré conciliant samedi, en recevant Donald Trump à l'Élysée, au lendemain d'un tweet très agressif du président américain contre son vœu, exprimé mardi sur Europe 1, de voir émerger une "véritable armée européenne". "Ce n'est pas à moi de commenter son tweet", répond finalement le président français, interrogé par CNN dimanche. Et d'ajouter : "Je préfère toujours avoir des discussions directes ou répondre à des questions, que de faire ma diplomatie au travers de tweets".
Une défense autonome plutôt que des armes américaines. L'Europe doit "bâtir l'autonomie" de sa défense plutôt qu'acquérir des armements produits par les États-Unis, a-t-il prôné sur le fond. "Je ne veux pas voir les pays européens augmenter le budget de la défense pour acheter des armes américaines ou autres, ou des matériels issus de votre industrie", affirme en anglais le président français dans un extrait de cet entretien enregistré samedi : "Si nous augmentons notre budget, c'est pour bâtir notre autonomie."
Les deux hommes d'accord sur le "partage du fardeau". Il redit aussi partager la volonté de son homologue américain d'un "meilleur partage du fardeau" financier de l'Otan entre Américains et Européens. "Je suis d'accord avec cela, et en vue d'un meilleur partage du fardeau, nous avons tous besoin de plus d'Europe", explique-t-il. Donald Trump exhorte régulièrement les pays européens membres de l'Otan à augmenter leurs dépenses militaires, estimant que les États-Unis paient une trop grande part du budget de l'alliance atlantique.
"Le président Macron vient de suggérer que l'Europe construise sa propre armée pour se protéger contre les États-Unis, la Chine et la Russie", a tweeté Donald Trump vendredi soir : "Très insultant mais peut-être que l'Europe devrait d'abord payer sa part à l'OTAN que les États-Unis subventionnent largement !"
L'Europe loin d'être unanime sur la question. Emmanuel Macron pense, tout comme notamment la chancelière allemande Angela Merkel, que l'Europe doit développer l'autonomie de sa défense face au retrait croissant des États-Unis. Cette position n'est pas unanime en Europe. La Belgique a ainsi récemment décidé d'acheter des avions de combat F-35 américains plutôt qu'européens, allant "stratégiquement a contrario des intérêts" du Vieux continent, a déploré le président français.