Emmanuel Macron met en garde la Turquie contre toute velléité d'"invasion" de la Syrie, après les assauts menés conjointement par l'armée turque et ses alliés arabes syriens contre une milice kurde dans le nord-ouest du pays. "S'il s'avérait que cette opération devait prendre un autre tour qu'une action pour lutter contre un potentiel terroriste menaçant la frontière turque et que c'était une opération d'invasion, à ce moment, cette opération nous pose un problème réel", prévient le chef de l'Etat, cité dans un article mis en ligne mercredi par Le Figaro.
Une discussion avec Erdogan. "J'ai appelé tout de suite à la précaution et à la retenue et évoqué dès les premières heures (de cette offensive) la préoccupation qui était la nôtre", rappelle le président. L'opération menée par la Turquie "suppose d'avoir des discussions et de prendre des décisions à la fois entre Européens, mais plus largement entre alliés. Car elle change la nature de cette incursion turque et c'est pour cela que je vais parler dans les prochains jours à nouveau avec Erdogan", ajoute-t-il.
Offensive contre les combattants kurdes. L'armée turque a intensifié mardi ses raids aériens sur la région kurde d'Afrine dans le nord de la Syrie, plus d'une semaine après le lancement d'une offensive visant à chasser les combattants kurdes de ce secteur frontalier de la Turquie. Malgré les appels à la retenue, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réaffirmé que l'offensive ne s'arrêterait pas "avant l'élimination de la menace terroriste" à la frontière turque, en allusion aux YPG, considérés comme "terroristes" par Ankara.
"Je souhaite travailler avec les Jordaniens qui accueillent beaucoup de réfugiés et, autour des Jordaniens, que l'on puisse construire une véritable solution inclusive avec les Saoudiens, les Américains et les Égyptiens", indique Emmanuel Macron. "Je souhaite convaincre les Turcs et les Russes qu'on peut construire cette solution véritablement inclusive, et alors l'opposition syrienne viendra (aux négociations) et les Russes doivent y amener le régime" syrien, enchaîne-t-il. Selon Emmanuel Macron, "avec cet élément de stabilité et la protection des frontières, il y aura les éléments de sécurité attendus par la Turquie. Mais on ne peut pas avoir une sécurité bâtie sur le terrain sans respect de la souveraineté syrienne contre un ennemi (les Kurdes) qui n'est plus Daech".