Le président français Emmanuel Macron a rencontré mardi matin pour la première fois le pape François, une rencontre à l'apparence très chaleureuse, centrée notamment sur la question des migrants à l'heure où ce dossier déchire les Européens. Le président français est venu aussi à Rome chercher son titre de "premier et unique chanoine d'honneur".
Les infos à retenir :
- Emmanuel Macron, accompagné de son épouse et d'une imposante délégation, a été reçu dans la matinée par le pape François
- L'entretien entre les deux hommes a duré 57 minutes, une longueur inhabituelle, a souligné l'Elysée
- Le chef de l'Etat a officiellement été chanoine de Latran dans l'après-midi. Un titre honorifique qui fait polémique
La poignée de main. C’est peu après 10h30 que le pape François a reçu Emmanuel Macron au Saint-Siège. Les deux hommes, sourire aux lèvres, ont brièvement échangé avant de poser pour les photographes. Puis les deux hommes ont discuté seul à seul dans la bibliothèque du Vatican, pendant près d’une heure. Une longueur inédite, s'est plu à souligner l'Elysée à l'issue de la rencontre. Le président français n'a toutefois pas battu le record absolu de François Mitterrand resté une heure et quart en tête-à-tête avec Jean Paul II. Il est en revanche resté plus longtemps que François Hollande (35 minutes). Et il aura dépassé par exemple les présidents américains Barack Obama (50 mn) et Donald Trump (30 mn).
Fidèle à son image d'homme appréciant les contacts physiques, le président français à posé la main sur l'épaule du pape dans un geste étonnamment complice et les deux hommes se sont embrassés sur la joue avant de se quitter.
Echanges de cadeaux. Il a été rejoint à la fin de son entretien privé par son épouse Brigitte, en robe noire discrète, ainsi que par une délégation d'une douzaine de personnes dont son ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Le président français a offert au pape une édition en italien de 1949 du "Journal d'un curé de campagne" de Georges Bernanos, écrivain catholique fervent que son hôte apprécie beaucoup.
Le pape lui a remis une médaille en bronze de Saint Martin, symbole de générosité du IVè siècle, qui selon la tradition chrétienne a partagé son manteau avec un deshérité. "C'est la vocation des gouvernants de protéger les pauvres... e tutti siamo poveri (et nous sommes tous des pauvres)" , lui a fait remarquer François avec un regard appuyé. Le pape interpelle régulièrement les dirigeants de l'UE pour qu'ils maintiennent des idéaux fondateurs comme "la solidarité".
La question migratoire évoquée au petit-déjeuner. Avant cette rencontre, Emmanuel Macron avait pris son petit-déjeuner avec la communauté de laïcs catholiques Sant'Egidio, très impliquée dans l'accueil de migrants et organisatrice de "couloirs humanitaires" acheminant des réfugiés syriens en Europe dont la France. "Le président Macron a mentionné les corridors humanitaires comme modèle de politique d'immigration légale, surtout pour les personnes qui ont besoin de protection humanitaire", a commenté après sa rencontre Andrea Riccardi, fondateur de Sant' Egidio et ex-ministre italien.
Macron officiellement Chanoine de Latran. Après le déjeuner, Emmanuel Macron a assisté à une célébration liturgique, comprenant une prière et la lecture d'un texte biblique, avant de prendre possession, dans une chapelle, de la stalle (virtuelle) qui a fait de lui officiellement le "premier et unique chanoine d’honneur" de Latran, un titre honorifique qui fait polémique. Le président français a pris la parole, rendant hommage à l'amitié franco-vaticane, sans référence religieuse. "Lorsqu'une semaine après ma prise de fonction (...) j'ai reçu la lettre" des autorités de la basilique pour "prendre possession de ma stalle" de chanoine d'honneur, "j'ai décidé d'accepter cette invitation car elle appartient à une tradition de concorde et d'amitié entre la France et le Vatican à laquelle je suis attaché" et que je veux "approfondir", a-t-il expliqué.
Il a ensuite rencontré la communauté catholique française réunie dans le palais attenant du Latran, avant un "temps réservé", à l'heure précise du match de foot France-Danemark, puis une conférence de presse à l'ambassade de France auprès du Saint-Siège.
Une imposante délégation. Ce n’est pas seul qu’Emmanuel Macron s'est rendu au Vatican. Le président de la République était ainsi accompagné de deux ministres, Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) et Gérard Collomb (Intérieur). Etaient également du voyage des élus et parlementaires, tels que Xavier Breton, député LR de l'Ain et président du groupe d'étude sur les relations avec le Saint-Siège à l'Assemblée nationale. Le sénateur Christian Cambon, président de la Commission des affaires étrangères du Palais du Luxembourg, et Jean-Dominique Durand, adjoint au maire de Lyon délégué au Patrimoine et aux Cultes, étaient aussi de la partie.
Des représentants d'association, comme Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique, ou des personnalités du monde de la culture, comme l'écrivain Xavier Emmanuelli ou le directeur du journal La Croix Guillaume Goubert, complétaient la délégation.